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Industrie

Avec l’Ingineus 100, Safran décroche la première certification au monde pour son moteur électrique d’aviation

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Gil Roy

Il aura fallu 10 ans à Safran et à l’EASA, l’agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne, pour passer d’une feuille blanche à un moteur d’avion électrique certifié. Le motoriste peut désormais lancer la production en série, avec l’objectif de produire 1.000 moteurs par an, à partir de 2026.

C’est au Musée d’art moderne de Paris, et plus particulière dans la salle dite de la Fée Électricité, qu’a été célébrée, le 3 février 2025, la certification du moteur électrique Engineus 100 de Safran. Le lieu n’a évidemment pas été choisi par hasard. La salle abrite la monumentale fresque peinte par Raoul Dufy peint en 1937, pour le pavillon de l’Électricité de l’Exposition internationale des arts et des techniques appliqués à la vie moderne. A l’époque, le cahier des charges fourni à l’artiste était de « Mettre en valeur le rôle de l’électricité dans la vie nationale et dégager notamment le rôle social de premier plan joué par la lumière électrique. »  Quatre-vingt-dix ans plus tard, la fée électricité s’appelle EASA. C’est elle qui en délivrant à Safran, la certification du moteur électrique Ingineus, libère la voie de la décarbonation de l’aviation.

C’est en 2016 que Safran a lancé le développement du moteur électrique Engineus. Quatre ans plus tard, il s’engageait sur le parcours de la certification. Pas plus le motoriste que l’agence ne connaissaient le chemin. Ils l’ont découvert ensemble.

Au final, cette certification a nécessité 1.500 heures de tests de certification du moteur et plus de 100 heures de vol en conditions réelles. 10 moteurs ont été dédiés à la campagne de certification. « En obtenant la certification du moteur électrique Engineus 100, Safran Electrical & Power réalise une première mondiale.» a déclaré Bruno Bellanger, Président de Safran Electrical & Power.

Cette certification est aussi et surtout le résultat de quatre années de travail collaboratif avec l’EASA pour définir les règles de navigabilité spécifiques à la propulsion électrique et concevoir les méthodes de validation appropriées. « Ce projet a été fascinant pour l’EASA et constitue le premier test de notre ‘special condition’ conçue pour la certification de la propulsion hybride et tout-électrique », a déclaré Rachel Daeschler, Directrice de la Certification de l’EASA.

Pour les avionneurs qui ont fait le choix du moteur Engineus, cette certification constitue aussi une étape importante. Plusieurs étaient d’ailleurs présents, le 2 février 2025, au musée d’art moderne de Paris. Il y avait Aura Aero qui compte trois vols avec l’Integral E, la version électrique de son biplace de formation. Il se donne deux ans pour aboutir à la certification. D’ici fin 2025, trois avions devraient être intégrés au programme, et deux autres supplémentaires en 2026. Les essais de certification, vont être menés en parallèle à Toulouse et à Dayton Beach. L’objectif est d’obtenir une double certification dans deux ans.

La cérémonie de remise de la certification du moteur électrique Engineus 100 a eu lieu dans la salle de la Fée Electricité, au musée d’art moderne de Paris, le 3 février 2025.
De gauche à droite : Olivier Andriès, directeur général de Safran, Ross McIness, président du conseil d’administration de Safran, Bruno Bellanger, président de Safran Electrical & Power, Rachel Daeschler, directrice de la certification de l’EASA, Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports, Damien Cazé, directeur de la DGAC.
© Gil Roy / Aerobuzz.fr

Rachel Daeschler a confirmé que l’EASA échangeait avec la FAA, son homologue nord-américaine. Plusieurs avionneurs ou opérateurs américains ont opté pour le moteur électrique de Safran. C’est le cas de l’américain Bye Aerospace avec l’eFlyer. Ou encore de l’école canadienne CAE qui a pour objectif de retrofiter 130 Piper PA-28. Mais aussi de l’autrichien Diamond Aircraft avec l’eDA40 et du chinois TCab Tech avec son eVTOL E20. Sans oublier évidemment Volt Aero qui est sans doute celui qui totalise le plus d’heures de vol avec son démonstrateur Cassio à propulsion hybride électrique. Sans oublier le programme EcoPulse qui a réuni Safran, Daher et Airbus sur un démonstrateur hydride-électrique équipé de six moteurs Engineus 100.

Le moteur électrique Engineus 100 se caractérise par son caractère compact. Sa conception inclut l’électronique de puissance et de contrôle directement dans le moteur. Son design a été étudié pour permettre une intégration facile dans toutes les architectures propulsives, grâce à sa compacité, sa légèreté, et son système de refroidissement par air. Il délivre une puissance maximale de 125 kW, affichant un rapport poids/puissance inégalé de 5 kW/kg.

Qui est le premier moteur électrique certifié ? En 2020, Pipistrel qui n’avait pas encore été racheté par Textron Aviation, a obtenu une certification globale (cellule + moteur) de type Light Sport Aircraft, pour le Velis Electro. L’Engineus est certifié de manière autonome, en classe CS-23 (avion léger). © Anthony Guerra / Safran

Safran Electrical & Power se prépare à produire en série la gamme Engineus avec l’ouverture de quatre lignes de production semi-automatisées en 2026 à Niort (France) et Pitstone (Royaume-Uni). L’objectif du motoriste est de produire plus de 1.000 moteurs électriques par an, dès 2026, avec une capacité d’extension. Même si leur autonomie sera limitée à une heure, les premiers avions électriques certifiés sont attendus avec impatience, notamment par les écoles de pilotage professionnelles.

Cette fois, il n’y a plus de doute, l’aviation électrique est une réalité.

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • L'absence de doute "cette fois-ci c'est certain l'aviation électrique est une réalité" doit être modulée par l'absence de batteries correspondant aux attentes (autonomie et prix) et aux exigences (certification) de l'aviation légère.
    Sans vouloir ignorer l'effort produit par les équipes de Safran, il faut souligner que la certification d'un moteur est aujourd'hui moins complexe que le certification des batteries adaptées au besoin.
    Et tous les programmes cités se heurtent à ce mur.

    En 2020, Le Velis a certifié un ensemble motorisation électrique sur des critères de Very Light Aircraft, 10 fois moins exigeants que ceux des avions légers CS-23.
    Si une batterie était certifié en 2025 (H55 ?) il aura fallu 5 ans pour franchir ce facteur 10.

    Garder en mémoire que pour les eVTOL, c'est un facteur 1.000 qu'il faut franchir ....

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