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Transport Aérien

L’ENAC passe aux élèves pilotes de ligne labélisés ATR

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Gil Roy

 

En partenariat avec ATR, l’ENAC passe à la vitesse supérieure en proposant une formation intégrée d’élèves pilotes de ligne (EPL). Le cursus va des sélections à la qualification de type ATR. L’école transpose aux besoins des compagnies régionales le savoir-faire acquis avec Air France et qui est apprécié par les compagnies du monde entier qui recrutent aujourd’hui les EPL « made in France ». L’ENAC et ATR ont en ligne de mire la Chine dont les besoins sont énormes.

Il est indéniable que les élèves-pilotes de ligne sortent de l’ENAC avec une formation haut de gamme. Après avoir grossis les effectifs des navigants techniques d’Air France pendant des décennies, les élèves-pilotes de ligne, autrement dits les emblématiques « EPL » français, font aujourd’hui le bonheur des compagnies du monde entier, à commencer par les low cost européennes, qui les recrutent.

« EPL » ou la vitrine de l’ENAC

Avant que la compagnie nationale n’arrête ses sélections, il y a une dizaine d’années, les jeunes qui intégraient l’ENAC n’avait qu’un objectif : Air France. Les temps changent. La « voie royale » débouche aujourd’hui chez easyJet et Ryanair. Elle enjambe même les océans.

Dans ces conditions, la question de continuer à former des pilotes de ligne aux frais du contribuable français peut se poser. Pour Philippe Crébassa, directeur adjoint de l’ENAC, les EPL sont la « vitrine » de la formation à la française. Ils aident à décrocher de nouveaux contrats à l’international.

L’ENAC s’exporte

Air Macao a recruté une quinzaine d’EPL au cours des dernières années. Emballée par la qualité de ces pilotes, elle a eu l’idée de créer une filière Cadets destinés à son secteur A320. Elle a confiée la formation à l’ENAC. Elle est loin d’être la seule.

Actuellement, l’ENAC forme une centaine de cadets étrangers sous contrat avec des compagnies étrangères. « Les cadets sont formés jusqu’au travail en équipage (MCC) sur simulateur d’A320. Certains vont jusqu’à la qualification de type A320, comme les cadets d’Air Macao. Pour les cadets chinois, nous avons intégré un module HPA (High Performance Aircraft) », explique Philippe Crébassa.

ENAC et ATR, des partenaires de longue date

L’ENAC forme des cadets étrangers depuis une dizaine d’années, et cela fait aussi, une dizaine d’années, qu’elle collabore avec ATR, en particulier pour des formations modulaires. « L’idée est de capitaliser sur cette expérience pour proposer une formation packagée allant jusqu’à la qualification de type ATR », déclare le directeur adjoint de l’ENAC. « Depuis dix ans, nous travaillons de façon ponctuelle. Nous voulons désormais industrialiser notre démarche », ajoute Christian Commissaire, directeur d’ATR Training Center, la structure de formation de l’avionneur franco-italien.

Un cursus sur-mesures

Toutes les études de marché tablent sur un doublement de la flotte des compagnies aériennes dans les 20 ans à venir. Il va falloir beaucoup de pilotes, et en particulier dans des pays, où il n’existe pas de culture aéronautique. Former des pilotes ab initio est une chose. Former des pilotes hors sol, en est une autre.

Les instructeurs d’ATR Training Center peuvent en témoigner (à mots couverts toutefois). Ils voient débarquer à Toulouse ou dans les autres centres du réseau, des pilotes de ligne qui ne maîtrisent pas toujours les bases. Il faut dés lors adapter le programme de la qualification de type, voire mettre en œuvre avec l’ENAC des modules de mise à niveau. C’est pour éviter ce genre de déconvenues qu’ATR éprouve le besoin aujourd’hui de proposer à ses clients d’Asie ou du Moyen-Orient des formations ab initio. Il en va de l’optimisation des avions comme de la sécurité des vols.

Une formation intégrée de deux ans

ATR et l’ENAC ont donc mis au point une offre qui va de la sélection des candidats jusqu’à la qualification de type. « La compagnie peut éventuellement faire une préselection sur dossier. Ensuite nous organisons des épreuves de mathématiques, de physique, d’anglais. Nous organisons aussi une interview avec un psychologue et avec un pilote », explique Philippe Crébassa (ENAC). La formation comprend ensuite trois grandes parties : théorie, pratique et MCC.QT (travail en équipage faite sur simulateur d’ATR).

Pour des raisons de coûts, l’ENAC et ATR envisagent de faire une partie de la prestation au plus près de la compagnie. « Parce qu’au niveau des tarifs nous voulons rester dans les standards du marché, il est nécessaire que nous relocalisions la formation près des clients, tant pour la partie théorique que pour les simulateurs », fait remarquer Christian Commissaire (ATR TC).

Une organisation en réseau

L’ENAC va donc envoyer ses formateurs pour dispenser la formation théorique qui dure six mois. C’est ce qu’elle fait déjà depuis longtemps avec ses propres contrats étrangers. La formation en vol est prévue, dans un premier temps, en France, dans les centres de l’ENAC, à Carcassonne, Grenoble, Montpellier et Saint-Yan. La formation au travail en équipage (MCC) se fera à Toulouse, Singapour, Miami ou en Johannesburg, là où ATR a implanté des simulateurs de vol « full flight ».

Dans cette même logique qui a conduit ATR à créer un réseau mondial de simulateurs de vol, au plus près des marchés émergeants, l’ENAC envisage de développer son propre réseau d’écoles de pilotage de base. « Il s’agit de bien choisir les écoles », insiste Philippe Crébassa (ENAC). La possibilité de participer à la création d’écoles au standard EASA est envisagée. « C’est une option pour l’avenir ». L’ENAC travaille sur une charte.

Démarrage fin 2016

Le nouveau programme de formation conjoint ENAC / ATR devrait être opérationnel avant fin 2016. ATR a déjà deux contrats sous le coude. Les sélections devraient être faites avant la fin de l’année pour un démarrage des formations dès le début 2017. L’objectif est de démarrer avec une cinquantaine de cadets et rapidement monter en puissance. Le marché potentiel est énorme.

ATR est très bien implanté en Afrique. Il l’est aussi en Asie qui compte depuis l’année dernière la plus importante flotte d’ATR en service, devant l’Europe. Le seul marché qui lui résiste encore est la Chine où il y prévoit une demande de 300 nouveaux turbopropulseurs sur les vingt prochaines années.

Le gouvernement chinois qui jusqu’à présent s’est attaché à développer les lignes internationales, vient de décider de s’attaquer au réseau intérieur. Il prévoit de développer environ 70 nouveaux aéroports d’ici les 5 prochaines années, un complément substantiel aux 200 aéroports actuellement en exploitation dans le pays. Il va falloir beaucoup d’avions et encore plus de pilotes. ATR et l’ENAC sont prêts à faire face à la demande.

Gil Roy

 

 

 

 

 

 

 

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Les paris sont ouverts. Bientôt la Chine bien plus opportuniste et conquérante que l'ENAC y fera former dans un premier temps ses pilotes ATR puis créera en Chine sa propre "ENAC made in China".

  • Bon très bien que l'ENAC soit une vitrine de la formation EPL et que cela lui serve à signer des contrats de formation avec des Cies recherchant la "qualification française"
    mais ce qui me gène c'est encore aux frais du contribuable français ! ! !

    • Et oui une école à chômeurs. Après leur avoir payé en plus la formation FI parce qu'ils ne trouvaient pas de place en compagnie on va leur payer une qt ATR parce qu'il n'y a pas de place en aeroclub. Prochaine étape : création du compagnie avec des ATR pour recruter les chômeurs enac qualifiés ATR. Parce que hop va pas pouvoir prendre tout le monde. Air France n'y arrive déjà pas toute qualif confondue.

      • Difficile de commenter une information en se basant uniquement sur la présentation de l'article. Philippe, si vous aviez lu l'article vous auriez compris que ce nouveau cursus mis au point par ATR et l'ENAC s'adresse à des compagnies. Les stagiaires sont recrutés au préalable. Ils ont déjà leur place dans le cockpit… Rien à voir avec les EPL classiques de l'ENAC.

  • Hé bien, voici un nouvel exemple de l'esprit opportuniste et conquérant de l'ENAC.
    Et son directeur n'y est pas pour rien, ainsi que ses équipes, en particulier celle de la 'Com' avec Sylvie Gay.
    J'ai re-visité l'école il y a deux mois. Que de progrès, que de gens passionnés ! La salle de simulation d'un centre de contrôle aérien, FORMIDABLE !
    En tant qu'ancien énacien, dont la promo EPL a fermé Orly et ouvert Toulouse, je suis fier.
    Merci à vous tous. Continuez !

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