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Ryanair : rentabilité exemplaire

Published by
Pierre Sparaco

Le bénéfice après taxes de Ryanair pour l’année fiscale 2013/2014 se situera aux environs de 570 millions d’euros, c’est-à-dire à un niveau de rentabilité pour le moins enviable. De quoi rassurer les analystes financiers, dans la mesure où ils en ont besoin.

Michael O’Leary, l’imprévisible directeur général de Ryanair, aime jouer avec les nerfs de ses interlocuteurs. Aussi, pince sans rire, a-t-il déclaré que les prochains résultats de la compagnie low cost se situeraient probablement dans la fourchette basse de prévisions livrées en pâture à la City il y a quelques mois. Aussitôt, la cotation en bourse est entrée dans une zone de sérieuses turbulences, le cours chutant de 15 % environ. De quoi s’interroger sur le bien-fondé de la manière de faire des analystes financiers et de celle des investisseurs, institutionnels ou petits épargnants.


Cet épisode mérite qu’on s’y attarde : il nous rappelle que l’industrie des transports aériens reste largement incomprise. Sa rentabilité est en effet médiocre, nombre de ténors de la profession se débattent dans d’inextricables difficultés (Air France nous le rappelle quotidiennement à ses dépens) mais ce sont trop souvent des jugements à l’emporte-pièce qui retiennent l’attention des observateurs. Ainsi, Ryanair est tout simplement méjugée : elle visait pour l’année en cours un bénéfice de 600 millions d’euros (507 millions de livres) et elle pourrait dégager un bénéfice de 570 millions « seulement ». Les médias sont décidément aussi injustes que les analystes quand ils évoquent un trou d’air ou des perspectives franchement mauvaises.

La réalité est tout autre : Ryanair est sortie d’une phase ascensionnelle exceptionnelle, celle, pour reprendre l’expression consacrée, d’une croissance à deux chiffres. Elle se contente à présent d’une progression de trafic de l’ordre de 5 % par an, sans préjuger d’initiatives qui pourraient lui permettre de réaliser de nouveaux bonds en avant. Par exemple en créant un réseau long-courrier et, plus précisément, des liaisons à fréquences élevées entre l’Europe et les Etats-Unis. Michael O’Leary vient d’y faire allusion (ce n’est pas la première fois), laissant entendre qu’il voit grand (une flotte de 40 à 50 avions), des prix d’appel dérisoire, mais sans expliquer pour autant comment il s’y prendrait.

Une ligne Londres-New York, par exemple, compte tenu du temps de vol sans rapport avec celui des services court-courriers, ne permet pas d’obtenir des gains de productivité liés à des demi-tours extrêmement rapides. Pratiquement, quel que soit le type d’avion envisagé, il n’est guère possible d’effectuer plus d’un aller et retour par 24 heures, même en jouant au mieux avec les fuseaux horaires. Sauf à supposer que, pour bénéficier de très petits prix, les voyageurs acceptent d’embarquer en pleine nuit ou encore d’arriver à destination à des heures peu commodes. Depuis le Skytrain de feu Freddie Laker, rien de tel n’a été tenté, exception faite d’initiatives américaines timides qui se sont soldées par de cuisants échecs.

Dans l’immédiat, il convient de retenir que Ryanair se porte bien, sur base d’un modèle économique dont aucune autre compagnie aérienne au monde n’ose s’inspirer. Et qui implique de mettre au sol plusieurs dizaines d’avions, pendant la saison hivernale (80 l’année dernière, 60 cette année-ci) quand la demande diminue. Une méthode brutale, qui implique que le personnel accepte des règles du jeu… cavalières. Une manière comme une autre de rappeler que Ryanair est dirigée par un homme sans foi ni loi, régulièrement critiqué mais qui ne supporte pas la contestation, encore moins la contradiction. D’où des incidents multiples, à commencer, cas récent, par la mise à pied de John Gross, commandant de bord en fin de carrière, qui avait osé critiquer son employeur sur Channel 4. Ou encore le livre à charge de l’un de ses collègues, publié en France chez Altipresse.

Rien n’arrête Michael O’Leary, même s’il est jalousé et attaqué de toutes parts, notamment sur les subventions que lui accordent des aéroports régionaux. Il est vrai qu’il s’exprime avec la tranquille assurance d’un dirigeant de compagnie qui achemine plus de 80 millions de passagers par an. Il n’est pas vraiment populaire mais craint, respecté. Il demeure, de ce fait, une étonnante exception culturelle au cœur d’un monde aérien très agité.

Pierre Sparaco

Michael O’Leary, l’imprévisible directeur général de Ryanair, aime jouer avec les nerfs de ses interlocuteurs.
Au salon du Bourget 2013, Ryanair a commandé 175 Boeing 737-800, en partie pour créer de la capacité supplémentaire, en partie pour (déjà) renouveler une partie de sa flotte
Ryanair exploite 300 avions d’un seul type, des Boeing 737-800.
Boeing est le fournisseur exclusif de Ryanair.
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Pierre Sparaco

View Comments

  • Ryanair : rentabilité exemplaire
    Que dire en ce jour 2 octobre 2013 où Ryanair vient d'être condamnée à 200 000€ d'amende et près de 8 millions € (il fut même question un temps de saisie des appareils) pour l'emploi de personnels français avec un statut Irlandais très profitable à la compagnie ...............
    La "fiancée" décidément était trop belle !!!!!!!!!!!!!!!!!

  • Ryanair : rentabilité exemplaire
    Bonjour ju
    Ca dfait effectivemnent 5 ans que je n'ai plus voyage avec AF, mai bon avant d'acheter un billet je reflechirai quand meme 2 fois.
    Concernant AA, je parle de mon experience de passager, sur les vols domestiques ca ressemble en effet aux low cost europeennes (en coach).
    De toutes facons la plus part du temps je ne paie pas mon billet car j'accumule des miles avec ma carte de credit AA quand je fais mon plein d'essence par exemple.

    A noter les tarifs tres doux en business sur l'Amerique Centrale, un LAX/MGA (Nicaragua) via MIA a $645, pas trop mal pour un vol de 14 heures au total.
    A wink from L.A, bien a vous

  • Ryanair : rentabilité exemplaire
    Bjr Michael. Mon but n'est aucunement de convaincre mais juste de retablir un peu d'objectivité dans sur un sujet ou beaucoup de gens s'enflament en croyant detenir la vérité...
    Les cabines des 747 on ete entierement renouvelés il y a moins de 4 ans et celles des 777 vont connaitre leures 3eme ou 4eme changement en 2014.
    Autant AF ne tient pas la comparaison avec thai, singap ou les cnies du golf.... Mais avec AA je ne m'y serai pas oser.
    Je te propose de regarder le site de skytrax. 80 millions de passagers mister chaque année. C'est le test qualité le plus objectif utilisé par tous pour s'auto elvaluer ;-)

  • Ryanair : rentabilité exemplaire
    ju je suis d'accord avec vos precisions, et c'est vrai, mon 'experience' Ryanair se limite en effet a 1 seul vol.
    Par contre j'ai pendant 3 ans et une fois par mois fait CDG/LAX et je confirme l'etat (amenagements interieur) des avions d'AF, 747 ou 777.
    Sur ce point vous aurez beaucoup de mal a me convaincre.
    Je voyage maintenant exclusivement sur AA, le service a bord est sympa meme si quelquefois il faut debourser qqs $ pour se restaurer sur les vols interieurs.

  • Ryanair : rentabilité exemplaire
    1) Ryanair ne crée pas d'emplois, mais des postes d'esclaves qui ont le choix entre le chômage ou un emploi pourri.

    2) Si on enlève toutes les subventions touchées par Ryanair depuis 10 ans, le montant de ses pertes serait abyssal.

  • Ryanair : rentabilité exemplaire
    Ne confond par tout michael. AF a une flotte jeune que British et Luft leurs envie. Leurs avions sont trés bien entrenenus et tiennent largelent la compararaison avec Ryanair. Il te suffit de te balader un peu sur pour te faire une idée du nombre d'incidents liés a la maintenance. Et ce n'est que la partie immergé de l'iceberg.

    Maintenant si tu veux comparer AF et Ryanair pousse ta comparaison jusqu'au bout.
    AF a 80 ans de vol cette année, Ryannair ??????
    AF traverse le front intertropicale tous les jours, afronte les moussons en asie, les typhons au japon et les tempetes tropicales dans les caraïbes. Une partie de son reseau se trouve en Afrique, la où les chevres traversent les piste, là où le controle aerien est inexistant. Tu sais cette zone du monde où 1% du trafic mondial passe mais où tu trouve 10% des accidents d'avion. Bref une autre histoire que de faire Dublin - Madrid. Et quand tu vois qu'un jour d'orage a Madrid il posent 3 mayday fuel....

    Bref to ca pour dire quoi, si vous voulez comparer faites le au moins jusqu'au bout et avec toutes les données et arretés de generaliser apres 1 mauvaise experience chez l'un ou chez l'autre

    • Ryanair : rentabilité exemplaire
      C'est vrai que Gonesse, le Mont St Odile et Toronto sont en Afrique, j'oubliais... Après, je suis d'accord, la maintenance n'est pas trop mauvaise chez AF, mais peut mieux faire (çà ne serait pas eux qui font voler des avions sortant de check C en Chine avec pleins de rivets en moins?).
      Qu'on le veuille ou non, que ce soit discutable ou pas en fonction de ses convictions, Ryanair respecte les règle actuelles, ce sont plutot vers nos chers législateurs ou vers le libre marché qu'il faut se tourner pour soit plus réguler, soit accepter que des ultra libéraux arbitrent le système.

  • Ryanair : rentabilité exemplaire
    La securite ?
    On peut seulement constater la realite, la prestigieuse AF et ses tragiques accidents depuis 10 ans ou la turbulente Ryanair.
    J'ai eu l'occasion de voler avec les 2 compagnies, une avec des avions delabres (trappe de visite absente, siege casse, video en panne sur un CDG/LAX) et l'autre avec des zincs tout neuf et du personnel peut etre sous paye mais accueillant.
    Ah, j'oubliais, cerise sur le gateau, les tarifs qui sont en moyenne 5 fois moins eleves sur Ryanair !

  • Ryanair : rentabilité exemplaire
    Dans la théorie des plaques de Reason qui sert à l'analyse des causes d'accident, la dernière à percer avant l'accident s'appelle "luck".
    La chance a jusque là sourit à MOL et son pavillon pirate.
    Mais la roue finit par tourner un jour ou l'autre.
    Et ce jour là les BEA, L'EASA et peut être la comm de Bruxelles se pencheront sérieusement sur le mode de fonctionnement interne de cette "sucess story".
    j'ai 1000 fois plus de respect pour Easyjet, qui concurrence les compagnies classiques sur leurs terrains, au sens propre comme au figuré. Tout n'y est pas rose, mais ils sont nettement moins "border line" tant sur la sécurité des vols que sur le volet social, qui, n'en déplaise aux ultra-libéraux de tous poils, DOIT faire partie du modèle social et économique Européen.
    La concentration des richesses aux mains de quelques uns n'a jamais été aussi forte qu'aujourd'hui, et les mêmes font tout pour qu'elle dure, puisque c'est elle qui les enrichit.
    Le jour où ils auront un peu plus d'argent les pax de Ryanair préféreront peut être payer quelques euros de plus pour ne pas être traités comme du bétail...
    Le low cost est plus souvent une nécessité qu'un choix.
    je connais peu de gens qui se nourrissent chez Aldi ou Lidl, ou qui roulent en logan par choix (ça existe, mais c'est rare)...
    "le capital au 21e siècle" de Piketty est très instructif et intéressant, qu'on soit ou non de son bord politique.
    Bons vols, sur la compagnie qui vous correspond le mieux...

  • Ryanair : rentabilité exemplaire
    Le Ryanair bashing est à la mode entre gens de bonne compagnie. Pour ma part je tire mon chapeau à MOL pour avoir mis le voyage aérien à la portée des petits revenus. Comme Xavier Niel, ce gars la à fait plus pour le pouvoir d'achat des Français que tous les beaux discours de nos politiciens. Du coup il forcément déplacé quelque dinosaures et autres mandarins. Moi le transport "façon bus" me va très bien.
    Encore merci Ryanair de m'avoir permis de découvrir les Iles Britaniques.

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