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Transport Aérien

Thierry Paris : « L’A380 d’Air France : j’ai fait le début et la fin »

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Gil Roy

Thierry Paris fait partie du « noyau dur » des instructeurs A380 d’Air France. Il évoque ici ses dix années passées aux commandes du super jumbo d’Airbus. Il parle de l’avion, mais aussi comment la fin prématurée du secteur A380 d’Air France est ressentie par les pilotes de la compagnie nationale.

Thierry Paris est le commandant de bord qui a convoyé le premier A380 d’Air France à Teruel, en Espagne, où le quadriréacteur risque désormais de rester longtemps. La compagnie nationale a en effet annoncé, le 20 mai 2020, sa décision d’arrêter l’exploitation de ses A380. Au sein du secteur A380 d’Air « plein de gens ne s’attendaient pas à cela (…). L’ambiance n’est pas bonne ».

Thierry Paris a été qualifié sur A380 en juillet 2009 et lâché sur l’avion en décembre suivant. « Le 380 était mon quatrième avion comme commandant de bord à Air France, avant j’avais été sur 737-300/400/500, A310 et 777 ». En janvier 2010, il a effectué ses premiers vols avec des stagiaires A380. En 38 ans de carrière sous les couleurs d’Air France, il a été qualifié sur six types d’avions de ligne, dont le Boeing 747-100 et -200.

Interview réalisée le jeudi 21 mai 2020 à 19h00

L’A380 est un avion « très agréable à piloter » qui « malgré sa taille est hyper maniable ». Pour Thierry Paris, le surnom donné à l’A380, « A180 » à cause des demi-tours qu’il faisait au début de son exploitation est excessif. Pour sa part, il n’a jamais fait de demi-tour, même s’il reconnaît avoir connu quelques « pannes lourdes », comme un « gros problème de gestion de carburant » lors de son lâché, ou encore une panne de FMS au milieu de l’Atlantique qui la contraint à suivre en visuel un 777 de British Airways afin de poursuivre sa traversée.

Au final, il reconnaît avoir été « très content de voler sur A380 » tout en admettant que c’est « un avion loupé » : il ne tient pas la comparaison face au 777-300. « Il n’est pas l’avion qui était prévu à l’origine ». Néanmoins, Thierry Paris reconnaît qu’il gardera « un souvenir toute sa vie de cet avion ».

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Merci à Aérobuzz de nous avoir fait profiter de cet interview. Rarement auront été concentrés sur un seul pilote autant d'avions différents et de vols fantastiques. Quand il s'exprime sur un sujet, sa parole est d'or. Air France perd ainsi un de ses plus grands pilotes, à l'égal des pionniers qui ont fait sa légende. Nombreux seront nous à nous souvenir de ses conseils et de son immense expérience.
    Et en plus il nous dit qu'il n'est pas arrivé à faire valider toutes ses heures de vol, c'est dommage car cela lui aurait un titre de record du monde.

  • Merci Thierry !
    Comme quoi , quels que soient les qualités et les défauts d’un avion ce qui est important, ce sont les hommes qui les font voler.

  • Bonjour à tous.
    Grand merci à vous 2 pour ce retour d'expérience.
    Autres devoirs de mémoire qui mon permis de voir et écouter Concorde :
    Mme Béatrice Vialle, Mrs André Turcat - Jean Pinet .....
    Bravos à tout ces gens et à vous Mr Gil Roy de vos reportages.
    Sincères amitiés.

  • Merci Mr Roy pour cette entretien avec Mr Paris. Air France perd un grand pilote, mais uniquement pour cause de retraite ! Je me repasse souvent vos reportage dans Pégase ! Encore merci et bravo pour votre travail. Patrick.

  • Emouvant cette fin d'un bel appareil et l'évocation de son brillant pilote.Je serais intéressé de connaitre le cursus de Thierry Paris depuis ses débuts aéronautiques.Peut être peut il faire ici son autobiographie aéronautique ?

    • Bonjour
      Baptême de l’air à 4 ans à 4 dans un Jodel 112. (L’instructeur à gauche, mon père à droite avec mon frère 5 ans et moi sur ses genoux). Souvenirs inoubliables.
      10 ans, aéromodélisme et larmes de voir mon premier planeur, Minos 1er se faire écrasé par un Bijave à l’atterrissage.
      15 ans, vol à voile, breveté à 16 ans
      16 ans avion, breveté à 17 Avec Tour de France aériens des jeunes pilotes à 17 ans et demi.
      Bac dans la foulée, 1 ans de fac avec concours de l’ENAC PL au bout de cette année. Sélectionné pour les Cadets de l’Air que je n’ai pu faire cause sélection en vol pour l’ENAC.
      19 ans, service militaire avec passage de la première qualification bimoteur.
      3 ans à l’ENAC, Toulouse, Montpellier puis St Yan avec PP1 à la sortie.
      Dans la foulée, stage instructeur planeurs, puis départ en Côte d’Ivoire comme pilote de brousse sur bimoteur pendant 6 mois.
      Retour en France, un peu de chômage puis instructeur avion. Travail peu de temps comme instructeur à l’aéro-club de Charente Maritime. Ensuite, Bretagne Air services à Dinard comme Commandant de bord sur DC3 et d’autres petits bimoteurs jusqu’à la faillite de la BAS.
      Un ou 2 mois de chômage, puis départ vers le Maroc comme pilote du décorateur du roi sur Beechcraft Duke. (Merci Guy Auger).
      Enfin, Air France, copilote sur 727 puis 747/100/200. 9 ans total comme copi puis passage CDB sur 737/300/400/500 instructeur tout de suite, pendant 5 ans, puis, encore 5 ans d’Airbus A310, instructeur et Responsable Niveau Professionnel. 7 ans de B777, cadre au TRTO et responsable adjoint niveau professionnel et pour finir, 11 ans d’Airbus A380 instructeur.
      Pendant toutes ces années, toujours du planeur et de l’avion.
      Marié à une passionnée, nous avons au fil des ans acquis quelques avions de collection ainsi que quelques planeurs avec un rêve secret de monter un musée.
      A l’issue de cette carrière professionnelle bien remplie et avec des heures de vol pas toujours comptées, j’arrive à 29.500 heures qui je pense vont continuer à augmenter à la retraite.

      • Bonjour Monsieur ,bravo et respects pour ce brillant parcours ,ceci confirme la règle qu'il n'y a pas de bons pilotes ,mais que de " Vieux " Pilotes ,je suis un passionné d'Aéronautique depuis ma première maquette B17 G dans les années 50 ,et que j'ai vu voler à Istres en 2016 un souvenir mémorable avec un Nord Atlas 2501 tout "neuf ",mon gendre y travaille ,chef pilote d'essai et instructeur Eppner ,il n'avait pas été retenu à L'oral....De toute façons je l'ai toujours incité pour l'armée de l'air (ou j'ai fait mon service en appelé)j'étais sur base Tahiti Gam 82 /Bam 190 et des vols fabuleux en 1969 dans tout le secteur sur les DC 6 ,en tant que Pack steward ou service,j'étais chauffeur ,ramassage équipages....Bon vols ,Jacques Marconi.

  • Bonjour
    Ayant dépassé les 90 ans j'ai vu des quantités d'avions ,mais si je me souviens bien de l’époque de sud aviation et autres,le nombre de fausses pistes a été gigantesque les salons de l’après guerre regorgeaient de prototypes ;ensuite j'ai vu
    les caravelles, avion sans soute à bagages,tout comme le concorde qui n'aurait jamais du dépasser lui le stade du prototype ;
    Quand je compare la série des 727 et 747 il y avait des idées géniales à part peut etre les 747 100 équipés du JT9 et là la nécessite d'avoir un moteur pour équiper ce gigantesque appareil ,a fait oublier de verifier (Boeing etait pressé)
    Si ce moteur etait au point au moment de l'avionnage .

  • super machine pour les passagers surtout au niveau haut
    je crois gros problèmes dans gestion des soutes d'ou problèmes dans exploitation de
    l'avion (surtout air France ?)

  • Témoignage sympa et instructif. Comme quoi, un avion « tout loupé » peut laisser un souvenir impérissable chez ses pilotes. Pas loupé pour ses cochers, c’est pas si mal.

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