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Aviation Générale

28 accidents mortels recensés en aviation légère en 2019 en France

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Jérôme Bonnard

En 2019, les accidents d’aviation légère ont diminué de presque moitié par rapport à 2018, en France. Selon les chiffres de la DGAC, 38 personnes ont perdu la vie en 2019 (tous types d’aéronefs confondus) contre 71 l’année d’avant.

Tout est relatif ! L’année 2018 avait en effet vu une poussée du nombre d’accidents mortels en particulier pour l’avion qui d’une année sur l’autre avait vu passer le nombre de morts de 6 en 2017 à 30 en 2018. Il fallait ainsi remonter à 2010 selon la DGAC pour atteindre ce niveau et noircir le tableau avec 76 personnes décédées et même jusqu’à 85 en 2009.

En 2019, les événements ont impliqué en premier les ULM dans 19 accidents (contre 22 en 2018) qui ont entrainé 24 décès (contre 29 en 2018). On dénombre 12 morts (contre 30 en 2018) dans 7 accidents d’avions légers (contre 15 en 2018). Quant au planeur le bilan est de 2 morts (contre 3 en 2018) dans 2 accidents (contre 3 en 2018).

Bilan des accidents mortels en aviation générale et sportive en France

2015 2016 2017 2018 2019
Avions Accidents 10 9 3 15 7
Morts 17 15 6 30 12
Planeurs Accidents 0 2 3 3 2
Morts 0 2 3 3 2
ULM Accidents 35 15 23 22 19
Morts 45 18 34 29 24
Helicos Accidents 0 1 1 5 0
Morts 0 1 1 9 0
Ballons Accidents 0 0 0 0 0
Morts 0 0 0 0 0
Total Accidents 45 27 30 45 28
Morts 62 36 44 71 38
Source : DGAC

Ces données brutes ont d’intérêt que si elles permettent de faire ressortir une tendance au sein d’une même activité. Il faut se garder de comparer les activités entre elles ce qui n’auraient pas de sens. Seuls des ratios seraient parlant ; la mortalité étant ramenée au nombre de pratiquants par activité. Et c’est là que l’exercice devient périlleux.

Les données sont encore dispersées dans les fichiers des fédérations et de l’administration. Et tous les pratiquants ne sont pas forcément adhérents à une fédération ou une autre. D’où la volonté de GAMA, l’association qui réunit, au niveau mondial, les acteurs de l’aviation générale, et de l’EASA, de comptabiliser les pratiquants européens et de mesurer leur activité. Un travail de longue haleine qui pour l’heure ne repose que sur la bonne volonté des pratiquants. Une enquête est en cours. Vous êtes invités à y participer.

L’instructeur au cœur de la politique fédérale ULM

La sécurité des vols sous-tend le travail de fond de toutes les fédérations qui chacune adopte sa propre stratégie. La FFPLUM publie chaque mois ses statistiques, elle est la seule fédération a le faire. Il en ressort pour 2019, que les accidents impliquent prioritairement les machines de classe 3 (ou multiaxe) avec 12 accidents sur un total de 19. Dans un soucis de transparence, la FFPLUM souligne auprès de ses licenciés que « 28% des événements en 2019 se sont déroulés en instruction, c’est à dire avec un instructeur à bord ».

Interrogé par Aerobuzz.fr, Jean-Christophe Gibert, responsable de la Commission Sécurité précise que « préparer son vol, qu’il soit de plaisir ou d’instruction, avoir conscience de la situation, anticiper, connaitre parfaitement les paramètres de sa machine, sont les facteurs clés de la sécurité. » Et de rajouter « l’exemplarité pour un instructeur est primordiale, l’élève reproduira à 100 % les actes de son instructeur, c’est son modèle, sa référence. » La FFPLUM met d’importants moyens en oeuvre pour sensibiliser ses adhérents-pilotes.

En 2019, la FFPLUM a signé une convention avec l’ENAC afin d’offrir la possibilité aux instructeurs de suivre la phase 1 (Psychopédagogie) du stage FH (Facteurs Humains) réservé jusque-là à l’avion. Ce partenariat est reconduit en 2020. L’opération ReV ou Remise en Vol, pour laquelle la Fédération subventionne une séance d’exercices en vol entre un pilote et un instructeur, est elle aussi reconduite. 300 pilotes se sont inscrits en 2019 soit deux fois plus qu’en 2018.

Phases de vols et pertes de contrôle

La FFA est, elle-aussi, active dans le domaine de la prévention des accidents. Selon les informations qu’elle nous a fournies, sur les 8 accidents mortels d’avions de 2019, 6 impliquaient des avions privés et deux des appareils appartenant à des aéro-clubs. « La phase d’atterrissage arrive en tête notamment dans les accidents matériels », nous précise Daniel Vacher, responsable de la Commission Prévention et Sécurité de la FFA. « Dans les cas plus graves, les décrochages, vrilles et perte de contrôle en vol ou à l’atterrissage sont majoritaires. »

Savoir renoncer à poursuivre son vol, notamment lorsque les conditions météorologiques se gâtent, est une qualité vitale pour un pilote. La poursuite à tout pris d’un vol est une cause fréquente d’accidents souligne Daniel Vacher. D’où la décision de la FFA de mettre en place un service d’assistance rapatriement à ses licenciés. Il est activé en cas d’interruption de vol suite à des conditions météo défavorables mais aussi en cas de panne, accident matériel ou incident de santé… 300 à 400 licenciés en bénéficient chaque année.

A noter aussi qu’un mémo flash de sécurité des vols sur le sujet a été envoyé en début d’année à tous les aéroclubs.

Savoir renoncer. Mémo Flash présenté par la FFA et envoyé à tous les aéroclubs sur les conduites à tenir lorsque la météo se dégrade. © FFA

Causes et tendances vues par le BEA

Depuis 2015 le BEA (Bureau d’enquêtes et d’analyses) enquête aussi sur les accidents mortels qui touchent l’aviation ultra-légère (ULM). Interrogé par Aerobuzz.fr au salon ULM de Blois en septembre 2019, Thierry Hespel, enquêteur, nous expliquait : « On arrive à mieux comprendre les causes pour les faire remonter aux fédérations. En 2019, on a mis l’accent sur les manœuvres non nécessaires au vol, les prises de risques à basse hauteur, à très haute vitesse, voir hors des domaines de vols… »

L’an passé, différentes enquêtes du BEA ont mis en évidence (entre autres) les circonstances suivantes :

  • Pénétration dans une entrée maritime peu après le décollage, demi-tour, vol à très basse hauteur, collision avec les arbres
  • Collision avec le relief ou le sol
  • Perte de contrôle après le décollage
  • Perte de contrôle en finale en instruction
  • Collision avec une ligne haute tension lors de l’atterrissage, incendie
  • Collision avec le sol en tour de piste, en instruction
  • Heurt de végétation lors du décollage, immersion du pilote dans une rivière
  • Perte de contrôle en vol lors d’un lâché solo

Rien de nouveau sur la planète. Les principales causes d’accidents sont liées aux comportements humains. Et comme le souligne et le regrette Jean-Christophe Gibert, « nous voyons encore beaucoup trop de vidéos sur les réseaux sociaux qui mettent en avant l’égo des pilotes et des instructeurs. »

Jérôme Bonnard

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Jérôme Bonnard

Journaliste polyvalent, à la fois rédacteur et vidéaste, Jérôme a couvert tous types d'actualités pour la télévision en France comme à l'étranger et a été co-finaliste du Prix Albert Londres en 2012 pour sa couverture du conflit Libyen. Il est passionné par tout ce qui vole depuis son plus jeune âge et pilote sur ULM 3 axes. Il écrit pour Aerobuzz.fr depuis 2018, et co-anime la nouvelle émission JumpSeat sur Twitch, il travaille sur des nouveaux médias et enseigne le reportage vidéo en écoles de journalisme.

View Comments

  • En 2019 c'est mal reparti.
    Rien qu'en février, dans le domaine des avions légers: 5 accidents mortels, 12 victimes.
    Mais on peut espérer que grâce au COVID 19 et au confinement, les chiffres vont s'améliorer....

  • Il y a quelques grahiques disponibles sur AEROVFR qui précisent le nombre d'accidents entre Avions et ULM, ce qui permet de se remettre en question, j'espère que dans ces graphes, ils intègrent: le nombre d'avions, le nombre d'ulm, le nombre d'heures éffectuées par catégories, les accidents survenus par mauvaise visibilité, par temps chaud, le nombre d'heures par pilote, l'âge des pilotes etc...

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