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Categories: Aviation Générale

Le Vot ou les pylônes de la patience

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Gil Roy

A la veille de la 4ème manche du Red Bull Air Race 2015 (Budapest 4 et 5 juillet 2015), François Le Vot n’en finit pas de rechercher les bons réglages de son Edge 540V2. Le champion du monde de voltige pointe en queue du classement général. Il relativise…


Trois manches sans marquer un point : François Le Vot apprend la patience. Le français ne décolle pas des profondeurs du classement du championnat 2015 Red Bull Air Race. Sa reconversion dans la course autour des pylônes, est plus difficile que ne le laissait penser son palmarès de voltigeur et surtout sa saison 2014 en Challenger. De toute évidence, il y a un fossé entre la classe Master et la nouvelle catégorie initiatique mise en place, en 2014, par Red Bull pour préparer la relève de l’élite.

Pour François Le Vot, le problème se situe moins au niveau de son pilotage que de la gestion de la saison et surtout des réglages de son avion. Quand Red Bull lui a proposé, à l’intersaison, de l’intégrer parmi les Masters, tout est allé très vite pour le français. Il lui a fallu trouver un avion. « Le seul disponible sur le marché était celui de Michael Goulian. Je n’ai pas eu le choix », affirme Le Vot. Il a débuté la saison avec le plus lourd des 14 avions du circuit. Son Edge 540V2 rendait 10 kg de plus. 10 kg qui se traduisent par 100 kg sous facteur de charge de 10g au passage des pylônes.

François Le Vot n’a pas eu le temps de faire les réglages de son avion de course avant le début du championnat 2015, les 13 et 14 février, à Abu Dhabi. Dans l’urgence, il a d’abord fallu le peindre aux couleurs de son nouveau sponsor et puis le mettre en caisse pour l’expédier sur la ligne de départ du Red Bull Air Race 2015. Le seul intervalle au cours duquel il a pu travailler, avec son mécanicien Philippe Alberola, a été celui qui a séparé la manche de Rovinj (Croatie, 30 et 31 mai 2015) et celle de Budapest (Hongrie, 4 et 5 juillet 2015). Un mois pour faire des miracles…

« Pendant deux jours, nous avons collé des brins de laine, tous les dix centimètres, sur le fuselage et les ailes. Nous avons filmé les vols. Il n’y a pas de défauts aberrants. Il paraît un peu lourd du nez ; la profondeur génère de la trainée ». François Le Vot résume la situation en affirmant, fataliste : « C’est un vieil avion qui a fait son temps ». Avec son mécano, il ne renonce pas pour autant. « Il faut le faire évoluer ».

A Budapest, le vendredi 3 juillet, lors des essais, Le Vot était handicapé par une température d’huile élevée. La cause il l’a analysée et il va y remédier après la course. « Il s’agit d’un défaut de refroidissement du moteur dû la conception du capot moteur. Nous n’avons pas eu le temps de faire réaliser un nouveau capot moteur, mieux ventilé. Nous l’aurons pour la prochaine manche ». A Ascot (Grande-Bretagne, 15 et 16 août 2015), il devrait également étrenner un nouveau train d’atterrissage plus léger d’un kg plus court, ce qui devrait améliorer le roulis. « J’espère que nous aurons le train en même temps que le capot ».

« L’idéal serait de tout reprendre systématiquement, mais ce n’est pas possible d’un point de vue économique. Nous devons l’améliorer par petits bouts. Il faut être patient », reconnaît Le Vot qui refuse de faire porter l’entière responsabilité de son classement actuel à son seul avion. « Je n’ai pas l’expérience qu’il faut pour tourner correctement. Je n’ai pas besoin d’une bête de course. J’espère qu’à la fin de la saison, je me sentirai confortable sur le circuit ». En attendant, avec son équipe, le pilote français travaille énormément.

« En voltige, le réglage de l’avion, c’est rien par rapport à ici », fait remarquer celui qui est encore champion du monde de voltige en titre pour quelques semaines. « Il faut toujours le régler ». Et c’est un fait, dans le paddock, les mécaniciens des quatorze écuries n’ont pas de répit. Il faut aussi répondre aux sollicitations permanentes de l’organisateur de la compétition qui modifie l’emplacement des caméras, impose de nouveaux mouchards ou encore, comme à Budapest, un nouvel EFIS. « On travaille beaucoup dans l’urgence ».

Les séances d’entrainement au-dessus du Danube, à Budapest, ont tourné, une nouvelle fois, au calvaire pour François Le Vot, distancé par ses adversaires. Malgré tous ses efforts et ceux de son mécano, le français apparaît impuissant. « Je n’étais plus habitué à être dans les profondeurs du classement. Cela ne me fait pas plaisir, mais je l’accepte ». François Le Vot prend de la distance. Ce travailleur méthodique n’est pas résigné pour autant. Ce serait mal le connaître de penser le contraire…

Ses choix pour constituer son équipe, se révèlent payants dans cette phase délicate à négocier moralement. Le Team Le Vot est soudé. Et ce n’est pas un hasard. « J’ai été sollicité par plusieurs mécaniciens, mais j’ai choisi Philippe Alberola, parce que je voulais que nous débutions l’aventure, en étant novice, chacun à notre niveau. C’est la même motivation qui m’a poussé à recruter Anthony Pecchi, comme team manager. Nous habitons tous les trois la même région. Nous nous entendons bien. Nous nous voyons souvent entre les courses ».

« Avec le recul, même avec 6 secondes de retard par rapport à mes adversaires, voler sous les ponts à Budapest est une chance exceptionnelle ». François Le Vot a l’étoffe d’un champion et il ne tardera pas à le démontrer, sur le circuit Red Bull Air Race aussi.

Gil Roy

Une autre facette de la vie de pilote du Red Bull Air Race à laquelle François Le Vot n'a pas été habitué dans sa carrière de champion du monde de voltige aérienne
L'équipe Le Vot en grande discussion avec Mike Goulian, le pilote américain qui lui a vendu son Edge 540V2
François Le Vot entouré de ses équipiers, Philippe Alberola son mécanicien (à gauche) et Anthony Pecchi, team manager
Le Edge 540V2 de François Le Vot manque de puissance, mais les trajectoires du pilote sont propres
Sur un tracé rectiligne comme celui de Budapest, François Le Vot est handicapé par son avion
Malgré le problème insoluble que lui pose son vieil Edge 540, François Le Vot garde la tête froide. Le signe d'un grand champion…
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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