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Aviation Générale

Voltige ultra-légère électrique avec le Silence Twister « aEro »

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Gil Roy

Les suisses Thomas Pfammatter et Dominique Steffen (Hangar 55) ont entrepris, fin août 2016, l’exploration du domaine de vol de leur ULM Silence Twister équipé d’un moteur électrique Siemens (100 kW). Nicolas Ivanoff a eu l’opportunité de voler sur le monoplace de voltige à Raron (canton du Valais). 

A croire que les fées de la voltige aérienne se sont penchées sur le berceau du Twister. Cet élégant ULM de voltige monoplace vendu en kit a vu le jour, au début des années 2010, dans le nord de l’Allemagne, à mi-chemin entre Dortmund et Hanovre. Thomas et Matthias Strieker (Silence Aircraft) lui ont offert une aile elliptique qui rappelle évidemment celle du légendaire Spitfire. Mais, ce sont les britanniques Peter Wells et Chris Burkett qui lui ont donné ses lettres de noblesse en l’adoptant.

Le Silence Twister né pour illuminer le ciel

Wells et Burkett ont créé la Twister Aerobatics Team. Le duo illumine le ciel des meetings aériens européens, particulièrement à la tombée de la nuit, avec leur spectacle pyrotechnique. Pour donner un peu plus de puissance à leur duo acrobatique, les voltigeurs anglais ont remplacé le moteur Jabiru 2200 (80 ch) d’origine par un moteur belge UL Power de 107 ch. L’option est proposée par le constructeur allemand qui commercialise son monoplace en kit.

Le projet d’avion électrique aEro a reçu le soutien de l’horloger Hamilton. © Michael Portmann

Les suisses Thomas Pfammatter et Dominique Steffen ont eux aussi été séduits par l’esthétique de cette élégante petite machine et par les performances de la cellule construite en fibres de verre et de carbone. Ils ont eu l’idée de la faire voler avec un moteur électrique. Ils ont opté pour la solution proposée par Siemens : un moteur de 100 kW, 160 kg de batteries (200 Wh/kg) développant 100 kW et une hélice tripale Woodcomp.

Nicolas Ivanoff bluffé

Juste avant de prendre la direction d’Indianapolis où il va courir, le week-end prochain l’avant dernière manche du championnat 2016 Red Bull Air Race (1er et 2 octobre 2016), Nicolas Ivanoff a été invité dans le Valais pour essayer l’aEro, le Twister électrique. Le projet de Pfammatter et Steffen est soutenu par la marque horlogère Hamilton qui est aussi le partenaire principal d’Ivanoff sur le circuit Red Bull. Ceci explique cela.

Nicolas Ivanoff (à droite) en compagnie des porteurs du projet aEro © Michael Portmann

Nicolas Ivanoff n’est, en effet, pas connu pour son expertise dans le domaine de l’ultra-léger. La découverte de cet ULM électrique a été une surprise pour lui. « Il n’y a que des écrans sur le tableau de bord, pas une aiguille ». Il reconnaît aussi avoir été impressionné par la mise en route. « Tu appuies sur le bouton « On » et il ne se passe rien. Tu pousses la manette de gaz, et là, l’hélice commence à tourner et l’avion à avancer. Pour s’arrêter, tu mets sur tout réduit et l’hélice arrête de tourner ».

Tonneaux barriqués

Pendant tout le vol, le pilote Red Bull est resté très attentif au régime de l’hélice et à la température des batteries. Il avait été briefé sur la gestion de ces deux paramètres liés : « quand tu utilises trop de puissance, les batteries chauffent. Au décollage tu vérifies la puissance en kW. L’avion décolle assez facilement. Au bout de deux minutes, j’avais oublié que j’avais un moteur électrique ».

L’idée des suisses Thomas Pfammatter et Dominique Steffen est de proposer un avion de voltige économique. © Michael Portmann

Le vol à duré une quinzaine de minutes au cours desquelles, Nicolas Ivanoff a du se contenter d’effectuer une série de tonneaux barriqués. L’avion débutant son programme d’essais en vol, les facteurs de charge lui sont encore interdits. Il sera autorisé à 6g / -4g. Les préparateurs suisses annoncent une autonomie totale de 45 minutes décomposée en 30 minutes de voltige et 15 minutes de réserve.

Sous l’œil de Siemens

Frank Anton, le directeur du département eAircraft de Siemens, suit avec attention le développement du programme suisse. Il était présent dans le Valais lors de la présentation publique de l’aEro. Début juillet, en Allemagne, il a fait voler un Extra 330LE à motorisation électrique. Anton comme Pfammatter et Steffen a opté pour une cellule qui a fait ses preuves pour développer sa motorisation innovante.

La voltige, un sport aérien de plus en plus branché ! © Michael Portmann

Il semblerait que la voltige puisse être un débouché prometteur pour l’aviation électrique. L’autonomie encore modeste des batteries est compatible avec les besoins des voltigeurs, si l’on fait évidemment abstraction des convoyages. Pour l’heure, les concepteurs de l’aEro avancent une distance franchissable de 160 km avec une réserve de 15 minutes.

En attendant que les fabricants de batteries réussissent à offrir une autonomie opérationnelle, la voltige pourrait devenir à la fois un débouché commercial pour les premiers avions électriques, et un laboratoire pour l’avion au sens plus général. Quant aux voltigeurs, ils vont pouvoir s’entrainer librement à la vertical de leurs aérodromes sans perturber la tranquillité des riverains. Un vrai conte de fées…

Gil Roy

Le Projet aEro

CARACTÉRISTIQUES PERFORMANCES
Poids du moteur 13 kg Batteries 200 Wh/kg
Batteries 140 kg Puissance maxi 420 v
Transmission 10 kg Max. amp 200 A
Masse à vide 310 kg Puissance 100 kW
Poids des batteries 160 kg Autonomie 60 mn
Charge utile 110 kg Voltige 30 mn
Masse maxi 420 kg VNE 300 km/h
Charge alaire 47 kg/m2 Croisière 270 km/h
Facteurs de charge +6 G / -4G Croisière éco. 220 km/h
Taux de montée 9 m/s (à 80 kW)
DIMENSIONS Autonomie 160 km
Envergure 7,5 m
Surface alaire 8,73 m2 GROUPE MOTOPROPULSEUR
longueur 5,5 m Moteur Siemens
Profondeur 2,8 m Hélice tripale Woodcomb

 

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Bonjour,
    Petite précision : Ne sont exclus de la compétence de l'EASA, que les monoplaces de moins de 300 kg MTOW + 5% supplémentaire pour le parachute soit 315 kg (annex II Basic Regulation 216/2008 e) i))
    Donc l’appellation ULM pour le Silence Twister Aero avec ses 420 kg constitue pour le moins un abus de langage...
    Autrement belle machine mais hors de prix même en version moteur thermique.

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