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Aviation Générale

[Retro 2020] Les moyens aériens à l’épreuve des feux

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Frédéric Marsaly

17 millions d’hectares dévastés en Australie début 2020. 1,7 millions rien que pour la Californie où les pompiers ont, au cours de la saison, affronté trois des quatre plus gros feux de l’histoire de l’état simultanément. Sibérie, Turquie, Portugal… Les gouvernements sont dépassés par ces incendies sans précédents qui se répètent désormais, années après années.

Les moyens de lutte existent et les interventions des avions bombardiers d’eau et des hélicos, de jour comme de nuit désormais, sont efficaces. Le constat est clair cependant ; ils sont insuffisants.

La crise du Covid a mis au rancart des centaines d’avions de ligne, stockés un peu partout, de Tarbes au désert de Mojave, dont beaucoup, trop « gourmands », ne reprendront jamais le service. La tentation est grande alors d’imaginer des conversions, innombrables, en « Tanker. » C’est le projet porté par la société française Kepplair pour modifier un premier A330 afin de tenter de suivre l’exemple US des DC-10 et 747 Supertanker. L’idée n’est pas neuve.

Les pompiers du ciel ne se sont-ils pas développés en s’appuyant sur des conversions d’avions militaires hérités de la 2e guerre mondiale ? Si des avions civils sont disponibles à bas coût, pourquoi ne pas en profiter ?

Les bonnes volontés se heurtent pourtant à l’écueil habituel :  Qui paye ?

Les opérateurs privés doivent ajuster leurs investissements aux contrats existants ou potentiels avec le risque permanent de l’échec ou de la non-attribution du marché. Et si ce mode de fonctionnement public-privé est habituel dans le monde anglo-saxon, il est encore peu développé en Europe où les moyens sont surtout nationaux et reposent beaucoup sur les avions amphibies spécialisés, souvent plus onéreux.

Ces moyens étatiques, théoriquement mieux dotés, ne se préoccupent, principalement, que des situations nationales même si des dispositifs de solidarité intra-européens sont régulièrement mis en action comme RescEU.

On voit naître ici et là des idées, des concepts de flottes internationales, susceptibles d’épauler les moyens existants lors des périodes les plus intenses.

En Australie, les compagnies Coulson et Linfox proposent de doter le pays d’une flotte véritablement nationale. Le russe Rostec souhaite mettre à disposition de toute l’Europe certains Beriev 200 du Ministère Russe des Situations d’Urgence (Emercom). Mais ces annonces sont celles d’entreprises privées à la recherche de débouchés pour leurs produits, rien de plus.

L’absence de politique claire à moyen ou long termes sur ce sujet est troublante. Peut-être, qu’à l’aune de la situation actuelle, ces questions peuvent paraître… secondaires ?

En fait elles sont absolument primordiales tout simplement : entre septembre 2019 et janvier 2020sachant que le pic des feux fut janvier/février et que la saison a été considérée comme terminée courant mars, les feux australiens ont rejeté 400 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. C’est à dire plus que les émissions totales de la France sur une année.

N’y a-t-il pas là une vraie urgence ?

Frédéric Marsaly

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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

View Comments

  • La seule question qui vaille est en général celle-ci : "Comment prévenir un feu ?"

    Au plan seul des feux de végétation, il y a déjà l'idée séculaire de "faire la part du feu !"...
    D'un certain point de vue, la pratique de l'écobuage* maîtrisé a une valeur certaine ! Au Québec, c'est une pratique pour revivifier en particulier la population forestière de certaines iles des grands lacs...

    Quand aux méthodes visant à maitriser le feu dans sa propagation sous l'effet des vents, la parcellisation est déjà une solution...

    En tout état de cause, il faut protéger l'écosystème et on se rend compte au bilan annuel que l'étendue des pays concernés est le principal critère l'efficacité pour la prevention des feux...De là à dire que l'avion bombardier d'eau petit, moyen ou gros convient ce n'est que cautère sur jambe de bois et le constat qu'on est en échec par passivité ! Les fonds impartis aux moyens volants doivent être comparés aux coûts des débroussaillages et autres aménagements coupe-feu !

    En France, notre souci immédiat, le particulier est plus contraint par le débroussaillage de voisinage que le collectif, je le sais pour avoir été concerné et la loi (Code forestier) vient de changer...
    Quand à pratiquer le brûlage des déchets verts (secs ou pas !), il est sévèrement réprimé...

    *https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Écobuage

  • Ce que fait la France est très bien en termes scientifiques et techniques. La prévention (établissement de critères feux issus de modèles, entretien régulier des forêts, communication), associée à la rapidité d'intervention (donc force de détection, patrouilles, avions rapidement au départ du feu) sont les armes essentielles. Les feux français sont assez bien maîtrisés, mais les surfaces à traiter sont faibles.
    Ce système est progressivement étendu à l'Europe.
    Les investissements publics sont payant a la longue.
    Il est certain que la reproduction aux étendues canadiennes, américaines et australiennes demande une volonté politique importante compte-tenu de l'imbrication des services concernés.

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