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Culture Aéro

Le nez de Concorde

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Jérôme Bonnard

Comme pour les plus jeunes de la rédaction d’Aerobuzz.fr, Jérôme Bonnard n’a connu Concorde qu’à la toute fin de sa carrière. Ce qui ne l’a pas empêché de vivre un moment inoubliable au musée de l’air et de l’espace du Bourget.  A l’occasion du cinquantième anniversaire du 1er vol de Concorde, le 2 mars 1969, les journalistes d’Aerobuzz.fr se souviennent.

Concorde m’a fasciné depuis mon plus jeune âge. Un rêve inaccessible, idéalisé et jamais atteint puisque je n’ai jamais eu la chance de voler à son bord. Je n’ai pas eu la chance de vivre la sensation, que j’imagine si singulière, de glisser à Mach 2 au dessus de l’Atlantique.

Lorsque j’étais enfant, mon oncle, qui a fait sa carrière de pilote de ligne chez Air France, me racontait comment Concorde le doublait parfois lorsqu’il était en rotation sur JFK, à bord de son 747-100. Il regardait cette trainée blanche passer à quelques 7.000 mètres plus haut, percer le ciel bleu foncé et disparaître à l’horizon aussi vite qu’elle était apparue.

« Il est même arrivé qu’il parte après nous et se pose avant nous. », aimait-il me raconter. De quoi me fasciner encore, tout en me demandant à l’époque comment cet oiseau blanc pouvait-il voler encore plus haut et plus vite que le super Jumbo.

Au fil des années, plus grand, ma curiosité et passion pour tout ce qui vole ne me lâchant plus, j’ai compris que Concorde était certainement l’avion le plus extraordinaire au monde, tant par ses capacités techniques que sa beauté. Et puis un jour, je l’ai approché.

Un jour spécial tant pour moi que pour la vie d’un avion. Celui du tout dernier vol d’un Concorde. C’était ce 14 juin 2003, une belle journée estivale comme on les aime au salon du Bourget.

Le vol AF380Y en provenance de CDG est enfin apparu dans le ciel. Ce fut probablement le vol le plus court de la si longue carrière de F-BTSD, 12.976 heures de vol accumulées au compteur depuis le 26 juin 1978 (l’année où mon oncle me racontait comment il flirtait avec Concorde au dessus des océans).

Ce jour là, j’ai admiré un Concorde se poser pour la dernière fois avant de rejoindre le Musée de l’Air et de l’Espace auprès de F-WTSS (le prototype 001). Ce fut pour moi exceptionnel, tout comme l’hommage qui lui était rendu lorsque des équipages sont montés sur l’aile droite de l’appareil pour former une haie d’honneur.

Je me rappelle aussi de la présence de Béatrice Viale, une des deux femmes au monde pilotes de Concorde et première femme française à avoir piloté un avion de ligne supersonique. Je suis allé discuter un peu avec elle, quel dommage qu’à cette époque je ne couvrais pas encore l’aéronautique…

J’ai retrouvé F-BTSD quelques années plus tard dans le hangar du musée, grâce à une amie bénévole passionnée qui veillait à son entretien avec une équipe d’anciens techniciens. Ce jour là, elle me demande de m’asseoir en place gauche et d’attendre. Stupéfait, j’ai compris que les circuits électriques et hydrauliques étaient toujours en état de fonctionnement partiel. Le nez est descendu puis s’est relevé. Concorde vivait encore un peu… et moi je rêvais toujours.

Jérôme Bonnard

 

Vous pouvez, vous aussi, partager vos souvenirs de Concorde via les commentaires.

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Jérôme Bonnard

Journaliste polyvalent, à la fois rédacteur et vidéaste, Jérôme a couvert tous types d'actualités pour la télévision en France comme à l'étranger et a été co-finaliste du Prix Albert Londres en 2012 pour sa couverture du conflit Libyen. Il est passionné par tout ce qui vole depuis son plus jeune âge et pilote sur ULM 3 axes. Il écrit pour Aerobuzz.fr depuis 2018, et co-anime la nouvelle émission JumpSeat sur Twitch, il travaille sur des nouveaux médias et enseigne le reportage vidéo en écoles de journalisme.

View Comments

  • A propos de pointer son nez...
    C'était vers 1995, ma ville, proche d'Orly, avait organisé une exposition sur les avions Payen, inventeur de l'aile delta et de la formule delta-canard en France en 1934... Inauguration de l'expo en grande pompe avec tout le monde, Mr le maire, et Monsieur Payen. Une très belle exposition, au syndicat d'initiative, entouré de plein de passionnés.
    Avant le vin d'honneur, une envolé de montgolfière captive est prévue dans le parc du château. Tout le monde se transfère dans le parc et on attend patiemment que la montgolfière fasse son office dans des conditions météos limites qui gâchent un peu la chose...
    Sauf que, venu de nulle part, sur un axe de vol "pas commun", passe au dessus de nous, en virage, un CONCORDE !
    Magnifique, basse vitesse mais train rentré, il vient de partir d'Orly ou il a du passer se faire faire une retouche peinture ou être dérouté.
    Quelle apparition sublime ! En présence de Mr Payen, l'un des tout premiers pionniers de l'aile delta en France. Ca a cloué tout le monde (et sauvé le vin d'honneur !)
    La poésie se loge parfois dans des endroits étonnants...
    Puisque l'on en parle, je vous encourage à visiter le musée Delta d'Athis-Mons, en bout de piste à Orly. Facile à trouver, il y a le Concorde 02 F-WTSA sur le terrain...

  • Magnifique témoignage.. Cet appareil a fait la gloire et la fierté de l’aéronautique française ( et britannique) et 50 ans après son premeir vol, il continue de susciter l’admiration. Il ne laisse personne indifférent.
    Si le Concorde vit encore un peu, l'espoir est permis de le revoir voler un jour, avant que sa santé ne défaille irrémédiablement. Quand on voit ce que les restaurateurs de carcasses sont capables de faire, et les milliard disponibles chez quelques mécènes, on a encore le droit de rêver de voir l'envol du bel oiseau blanc.

  • Certains pilotes de Concorde sont les seuls êtres humains à avoir vu le soleil se lever à ... l'Ouest ! L'avion volait plus vite que la Terre ne tourne (en direction de l'Est). En allant vers New York (à l'Ouest donc), il pouvait partir lorsque le soleil était couché sur Paris, puis le voir progressivement se lever devant eux. Je pense qu'il s'agissait de vols spéciaux, car le Concorde d'Air France décollait vers 11 h du matin.

  • Merci pour cet hommage à cette fabuleuse réalisation humaine. Concorde était beau à voir : à terre comme en vol. Je l'ai vu décoller à Montpellier dans ma jeunesse au bout de la piste de Frejorgues. Entraînement ? Beauté, pureté des lignes, le bel oiseau blanc ! Devant la beauté EMOTION qui te fait du bien. Merci aux concepteurs d'avoir donné vie à notre rêve : voler comme un oiseau. Leonard de Vinci l'aurait aimé. Encore merci à vous pour redonner de la vie au bel oiseau blanc de métal .
    Josiane

  • J'ai eu la chance de faire un vol en tant que passager juste avant l'arrêt du Concorde en 2003, au mois de mai, et en mise en place pour assurer le retour du dernier vol de la journée en subsonique B777, le jour même.

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