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Défense

AAD 2018, l’Afrique du Sud côté aéronautique

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Vincent Gojon

C’est sur la base aérienne de Waterkloof au pied des collines de Pretoria, que s’est tenue du 19 au 23 septembre, la 8éme édition du salon Africa Aerospace and Defence (AAD 2018) dont voici quelques premières impressions. Une occasion unique de découvrir les différentes facettes de l’industrie sud-africaine de l’aéronautique et de défense.

Cette exposition est à la charnière de plusieurs mondes : de très nombreux armements terrestres y sont présentés (missiles, artillerie, blindés à roues sur châssis civils dont l’Afrique du Sud s’est fait une spécialité) mais on y retrouve aussi des productions civiles et des chalets nationaux (Russie, Pakistan, Turquie, Chine) avec un petit air du Bourget.

A bord du Rooivalk… © Vincent Gojon / Aerobuzz.fr

C’est en fait toute l’industrie aéronautique sud-africaine qui est présente, militaire dans sa majeure partie car développée au fil des années 80 lors de l’isolement politique du pays. Les productions ont depuis continué sur leur lancée, certaines firmes ayant été absorbées par d’autres, ou acquises en bloc par l’étranger (turcs, émiratis…) pour continuer le développement des mêmes produits.

Rooivalk sur une base de Super-Puma

Une des plus emblématiques productions a toujours été l’hélicoptère de combat Rooivalk (prononcez « Rafale ») dont le développement fut lancé pour pallier au manque de véritable hélicoptère de combat (le conflit de Namibie/ Angola était porté à bout de bras par des dizaines de Puma et d’Alouette III-canons). Ainsi pris naissance, sur une base de Super-Puma, ce qui reste une machine fantastique : quand on la voit pour la première fois, c’est la taille qui impressionne.

Le Rooivalk. © Vincent Gojon / Aerobuzz.fr

Rusticité et simplicité, cockpit accueillant, canon de 20 mm interchangeable avec celui de l’Armée de Terre… Seule une petite quinzaine furent construits, toujours présents dans un unique escadron, qui pendant des années a participé à des missions de combat au Congo au titre de l’ONU (la France ne pouvant pas tout faire…). Quoiqu’il en soit, sa présentation en vol est tout simplement époustouflante.

Le Fennec avec boule optronique et missiles sud’afs, intégration Paramount. © Vincent Gojon / Aerobuzz.fr

Une culture aéronautique

Et en vol justement sont passés des Gripen qui firent de multiples passages par deux ou par trois (il semble que cela soit le problème, combien de pilotes ou d’avions opérationnels ?) ainsi que la patrouille des Silver Falcons sur Pilatus PC7 Mk2 (60 furent achetés en 1992, manifestement trop pour ce qu’allait devenir la SAAF, et la moitié sont toujours en vente, stockés). Le très actif SAAF Museum présentait une patrouille lourde de T6 (l’Afrique en étant le champion de la restauration) et un triplé d’Alouettes III/II tourbillonnantes telles un essaim de guêpes pour recréer ce qu’étaient les contacts lors de la Bush War.

Le drone Threod de Paramount. © Vincent Gojon / Aerobuzz.fr

Deux drones de chez Milkor, le grand est l’homothétie du petit. En France, ce serait le grand pour l’Armée de l’air, et le petit pour l’Armée de Terre (et s’il y en a un moyen entre les deux ?) © Vincent Gojon / Aerobuzz.fr

Un drone de Paramount, plus léger. © Vincent Gojon / Aerobuzz.fr

Revenons sur le parking : deux Hercules et un C-17 américains… La SAAF ayant justement besoin d’avions de transport et surtout de PATMAR (rôle toujours tenu par de vénérables DC3 à turbines)

Armements et équipements embarqués

Toujours sur le parking, les Sud-africains sont les champions des intégrations, en général de leurs composants déjà développés, sur d’autres machines : EC135, Fennec, Mi-35 (pas exposé cette fois) se voient équipés de missiles divers : Mokopa, Ingwe, lance-roquettes, et surtout des fameuses boules optroniques multi-capteurs dont ce pays s’est depuis longtemps fait la spécialité (firmes Reutech, CSIR). Des années de révoltes urbaines et désormais de crime ont forcé les ingénieurs locaux à développer des systèmes élaborés, que l’on retrouvera discrètement dans de nombreuses forces étrangères. Les Sud-africains ne sont pas réputés pour mettre des bâtons dans les roues de leurs industriels !

EC 135 avec roquettes et boule sud’afs. © Vincent Gojon / Aerobuzz.fr

Continuons avec ces boules optroniques, qui figurent désormais sur de nombreux drones (regardez le couple de la photo, celui du haut est simplement l’homothétie de celui du dessous). Admirez le Threod de la grande société Paramount : on le voit, on le touche et on a tout de suite envie de le faire voler, au vu de l’harmonie de ses proportions.

Usages détournés

Regardez bien le superbe moto-planeur ES15 de l’allemand Ecarys, qui peut tenir l’air jusqu’à dix heures, pour des missions de reconnaissance à votre main en toute discrétion. Le monde a bien changé depuis les Mirage IIIR…

L’ES 15. © Vincent Gojon / Aerobuzz.fr

La boule optronique sous le motoplaneur ES15. © Vincent Gojon / Aerobuzz.fr

Et à propos de Mirage et de Paramount, ce sont bien eux, en partenariat avec les Américains, qui ont été chercher les F1 notamment biplaces à Châteaudun, mais ils ne semblent pas avoir touché la région bien longtemps, car c’est au Texas que tout se passe. Les pilotes sud-africains devraient avoir un rôle de réception là-bas (un peu comme les pilotes de Dassault jadis pour les F1 assemblés en Afrique du Sud) avant que les Américains ne prennent tout de suite le relais.

Le pod CSIR d’essais en vol. © Vincent Gojon / Aerobuzz.fr

Un produit original est le pod CSIR, autonome et pressurisé, destiné aux essais de systèmes embarqués sans passer par un avion banc d’essais …. Toujours dans les essais en vol, signalons la dynamique société Iadsystems, créée par Johannes Joubert le célèbre pilote d’essais sud-africain, spécialisée dans les essais d’armements et de capteurs, sur l’immense polygone d’Overberg à l’est de Cape Town, à la disposition des industriels intéressés.

Des aéronefs de caractère

Dassault avait fait le voyage, pour présenter un très beau Falcon 8X, l’Afrique du Sud étant un client historique des Falcon 50 notamment.

Première pour le Falcon 8X de Dassault en Afrique du Sud. © Vincent Gojon / Aerobuzz.fr

Un Bell de Starlite, prêt à être loué pour du travail aérien. © Vincent Gojon / Aerobuzz.fr

Signalons la grande société Starlite, de travail aérien et d’école sur hélicoptères, qui achète quand même des Super-Puma neufs et des Guimbal Cabri G2, qu’elle positionne ensuite dans le monde entier, au Mali notamment ….

Le Mwari N°1. © Vincent Gojon / Aerobuzz.fr

Le Mwari N°2. © Vincent Gojon / Aerobuzz.fr

Nous terminerons avec l’original Mwari (nouveau nom de l’AHRLAC) dont deux exemplaires étaient présentés en vol – le deuxième étant le premier appareil de production, vu ensuite au stand avec différents équipements de reconnaissance et de contre-insurrection. Deux avions devraient être livrés avant la fin de l’année à un premier client non spécifié.

Il est difficile de faire un catalogue exhaustif de tout ce qui était présenté. Au final un très beau salon, aux productions originales et aux intervenants ouverts et accueillants, qui aurait bien occupé deux jours…. Et je n’ai pas mentionné ici tous les systèmes terrestres.

Les trois journées business étaient suivies de deux journées grand public, probablement encore plus spectaculaires, ce pays s’étant fait une spécialité des shows aériens décoiffant. Puisse ce rapide article vous avoir donné l’envie d’assister au prochain.

Vincent Gojon

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Vincent Gojon

Entré à l'Ecole de l'air en 1979, il sert à la 33° Escadre de Reconnaissance de Strasbourg, puis à la 4° Escadre de Luxeuil. Après l'Empire Test Pilot School de Boscombe Down, il sera chef-pilote du CEV de Cazaux pour les essais d'armements. Ce sera ensuite l'Ecole de Guerre, suivie du commandement de l'Escadron de Reconnaissance 2/33 Savoie. Il entamera ensuite une carrière de pilote de ligne, sur BAE 146, Cessna XLS, Airbus A310 et finalement Boeing 777 dans une grande compagnie du Moyen-Orient. Il totalise près de 16.000 heures de vol sur plus de 70 types d'avions et d'hélicoptères… et il rejoint à son tour Aerobuzz.fr.

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