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Défense

Le KC-46 Pegasus veut redorer son blason à Paris

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Frédéric Lert

A voir au salon du Bourget (17-23 juin 2019) sur le parking statique, le Boeing KC-46 « Pegasus » aux couleurs de l’US Air Force. Jusqu’à présent l’avion a beaucoup irrité les aviateurs américains et coûté cher à Boeing. 2019 sera-t-elle l’année du renouveau ?

Il est vrai que le KC-46 arrive à Paris avec quelques motifs de satisfaction. L’appareil, officiellement entré en service en début d’année, est à ce jour qualifié pour ravitailler 9 types d’appareils différents, dont le F-35, cette dernière capacité ayant été acquise après quatre mois de travail. Sur les appareils dits « furtifs », l’enjeu du ravitaillement en vol est de ne pas dégrader le revêtement de l’avion avec la perche télépilotée.

L’USAF et Boeing travaillent maintenant sur la qualification du Pegasus avec les EC-130, MV-22 et C-5. Le mois dernier, le KC-46A a réalisé un premier ravitaillement opérationnel, aux côtés d’un KC-10, au profit de quatre F-16 en route depuis la Californie vers la base d’Elmendorf en Alaska. Autre bonne nouvelle de poids, l’USAF devrait avoir reçu 18 avions à la fin du mois et elle prévoit d’en avoir 36 sur ses bases à la fin de l’année.

Premières livraisons avec deux ans de retard

Mais la médaille a un revers, à commencer par les deux années de retard du programme : les 18 avions qui seront en ligne dans quelques jours auraient du l’être en août 2017. Et les deux années qui viennent de s’écouler n’ont pas été un long fleuve tranquille.

Il y a d’abord eu les soucis liés au pilotage de la perche de ravitaillement : au contraire des KC-135 et KC-10, l’opérateur n’a pas de vision directe de son environnement extérieur. Il travaille face à des écrans qui lui apportent une vision panoramique, en haute résolution, en lumière du jour et en infrarouge. Dans certaines conditions de luminosité, particulièrement à contrejour, la mauvaise gestion du contraste dégradait la perception que pouvait avoir l’opérateur.

Rien n’est encore définitivement gagné pour Boeing, qui devra faire face à Airbus allié à Lockheed Martin pour les prochains contrats visant à remplacer l’immense flotte de KC-135. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

3 milliards de dollars de surcoûts de développement

Dernièrement, Boeing a fait face à des problèmes de qualité qui ont conduit l’Air Force à interrompre par deux fois l’acceptation des avions. Mis bout à bout, les surcoûts de développement ont coûté plus de 3 milliards de dollars à Boeing qui a du en assumer totalement la charge. A un degré moindre, le retard du programme coûte cher également à l’Air Force qui va devoir prolonger ses KC-135 plus longtemps que prévu.

Par la voix de son Air Mobility Command, l’US Air Force affiche un besoin de 479 ravitailleurs, dont au moins 179 KC-46. Mais la volonté aujourd’hui exprimée d’étoffer considérablement la flotte de ravitailleurs pourrait pousser l’Air Force à lancer plus vite que prévu les phases suivantes de remplacement des flottes anciennes.

La cinquantaine de KC-10 encore en service sera la première à être remplacée par les KC-46. Mais derrière viennent plusieurs centaines de KC-135 tous âgés d’au moins un demi-siècle. Besoin considérable, relations tendues entre l’Air Force et Boeing, Airbus s’est donc engouffré dans la brèche en s’alliant avec Lockheed Martin pour proposer l’A330 MRTT sur le marché américain. C’est la troisième tentative pour tenter de briser le monopole à venir de Boeing sur ce marché. Un face à face que l’on retrouve sur le tarmac du Bourget…

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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  • Il se dit sur le net que des appareils ont été refusés parce qu'ils contenaient des corps étrangers oubliés par les ouvriers de Boeing.
    Ça fait désordre...

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