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Dépose minute

Denrée rare

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Thierry Dubois
par Thierry Dubois

La récente présentation d’un rapport parlementaire sur l’avenir du secteur aéronautique en France a mis en lumière ses difficultés chroniques en matière de recrutement. Les rapporteurs, les députés Jean-Luc Lagleize et Sylvia Pinel, ont noté l’inquiétude des entreprises qui cherchent à pourvoir des postes de fabrication et de maintenance.

Le maintien de l’attractivité du secteur est un enjeu crucial. Airbus et Dassault, pour ne citer qu’eux, voient leur carnet de commande épaissir à vue d’œil. Le GIFAS, qui défend les intérêts de l’industrie aérospatiale, prévoit que ses membres recruteront jusqu’à 15 000 personnes en France en 2022. Un rebond spectaculaire après une période de suppressions d’emploi, limitées mais réelles.

Les directeurs des ressources humaines en ont des sueurs froides. Car les années 2020-2021 n’auront été qu’une parenthèse. Depuis de nombreuses années, les fournisseurs et, dans une moindre mesure, les donneurs d’ordre doivent déployer des efforts considérables pour trouver des candidats qui iront jusqu’au bout de la procédure d’embauche.

Les centres de formation par l’apprentissage n’attirent pas assez et ne sont pas assez connus des jeunes, « en particulier des jeunes filles et des parents », notent les rapporteurs.

La formule est éloquente. D’une part, avec 23 % de femmes seulement, les entreprises aéronautiques ne savent manifestement pas se mettre en valeur auprès de la moitié de la population. D’autre part, l’image du secteur n’est pas au niveau de ses atouts.

Le GIFAS a récemment commandé un sondage sur l’image du secteur spatial. Il serait inspiré d’en faire autant sur l’attractivité de l’industrie aéronautique : celle-ci comprendrait peut-être enfin précisément où le bât blesse. On en a bien une idée : les conditions de travail sont injustement perçues comme pénibles et les salaires sous-estimés. Une enquête permettrait de cibler de nouvelles actions de promotion, outre le très réussi Avion des Métiers au salon du Bourget.

Les points forts du secteur sont pourtant remarquables. Les emplois font toujours davantage appel aux technologies de pointe. Les entreprises qui embauchent le font sur le long terme. Et les salaires, primes et participations aux bénéfices sont élevés. Sur ce dernier point, les patrons feraient bien d’être moins timorés. Il faut les pousser dans leurs retranchements pour obtenir des chiffres et apprendre qu’un jeune embauché voit ses revenus augmenter rapidement.

Les grandes écoles comme l’ISAE SupAéro et l’ENAC bénéficient, elles, d’un niveau constant de candidatures.

Mais une autre menace plane sur l’attractivité de la filière. Les technologies décarbonées arriveront tard, si l’on se réfère aux données du GIEC sur le climat. L’aéronautique pourrait donc devoir réduire la voilure d’ici-là, si des mesures drastiques de réduction des émissions étaient prises à court terme. De quoi détourner les jeunes, à la fois parce qu’ils jugeraient le transport aérien incompatible avec les objectifs environnementaux et parce que la filière aurait besoin de moins de bras.

Thierry Dubois

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Thierry Dubois

Thierry Dubois est journaliste aéronautique depuis 1997. Ingénieur Enseeiht, il s’est spécialisé dans la technologie – moteurs, matériaux, systèmes — et la sécurité des vols. Chef du bureau français du magazine Aviation Week, il anime aussi des rencontres comme les tables rondes du Paris Air Forum. Pour Aerobuzz, Thierry Dubois couvre notamment les hélicoptères civils et des sujets techniques.

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  • T. Dubois a écrit :
    " D'une part, avec 23 % de femmes seulement, les entreprises aéronautiques ne savent manifestement pas se mettre en valeur auprès de la moitié de la population. D'autre part, l'image du secteur n'est pas au niveau de ses atouts."

    Il est naïf de croire que les femmes d'aujourd'hui seront beaucoup plus nombreuses que ces 23 % à choisir un métier en usine/atelier. L'énorme majorité d'entre elles ont ENCORE plus de goût pour soit des travaux administratifs, soit des professions au service des autres soit des professions dans la communication (elles sont très fortes en palabres).
    Il est clair qu'elles y trouvent davantage d'occasions d'y épanouir leur féminité.
    Les "métiers d'hommes" attirent certaines, certes, mais il s'agit d'une petite minorité. L'énorme majorité d'entre elles ressentent la nécessité vitale (c'est heureux) de fonder une famille.
    J'ai vécu l'arrivée des femmes dans des métiers (techniciennes et ingénieurs de laboratoires) où il n'y avait que des hommes tout simplement parce que cela "collait" bien à leurs attentes et qu'elles peuvent s'y épanouir. Leurs capacités à étudier sont très souvent supérieures à celles de la moyenne des hommes.
    Il suffit de voir le nombre grandissant de femmes maire de leur commune pour se convaincre que c'est dans ces rôles qu'elles excellent car elles aiment.

  • Le récent rapport parlementaire sur l’avenir du secteur aéronautique a mis en lumière des difficultés chroniques en matière de recrutement ????
    J’ai 69 et aillant commencer à travailler a 13 ans et 6 mois avec la signature de mon père sur le contrat d’apprentissage (rien d’exceptionnel à l’époque beaucoup d’autres ont fait pareil) .
    Ce qui m’étonne en lisant ces lignes sur un magasine que j’apprécies beaucoup c’est l’hypocrisie et le mensonge permanent de la part de nos élus (parlementaires, sénateurs, patronat etc ! et j’en passe) qui ont participés tous sans exception au démantèlement de notre industrie dont le seul but est et a été le profit monétaire ! (Vous allez me dire il faut que toutes société gagne de l’argent) oui je suis d’accord avec cela, mais avec certaines limites car beaucoup de société et compagnie prennent leurs employés pour de la basse taille et je suis sérieux (j’ai travaillé à travers toute la planète et j’étais fier de dire que la France avait les meilleurs techniciens au monde !! et nous étions bien rémunérés ce n’est plus le cas , les salaires ont été revue à la baisse et les condition de travail sont devenue de moins en moins bonne ( salaire ne baisse et heure de travail accrues) en France le patronat c’est évertuer a cassé les avantages et a pratiqué une politique de salaire a la baisse et avec cela les délocalisations en masse de l’industries , nous avons vendu un des fleurons de l’industrie Française au Américain ( nous sommes vraiment con ) les seul au monde à faire des turbine de plus de 2000 mégawatt était les français !! Et pour l’aviation c’est pareil pour moi le Rafale est le meilleur avion de combat au monde et Airbus construis des avions bien meilleurs que Boeing, je suis en colère contre tous les gouvernements qui se sont succéder, nous critiquons les pays qui sont corrompu !!! c’est une vérité de La Palice, la corruption et les magouilles de nos élues ont conduit ce pays a la ruines …et ce n’est pas fini

    Cordialement

  • Il y a environ vingt ans la recherche d'un atelier accueillant un jeune apprenti en maintenance aéronautique s'est révélée difficile, tout le monde disait que c'était la meilleure formation mais impossible de trouver une place.
    Grace au "Copinage" nous sommes arrivés à la solution suivante : Théorie à Merville et pratique à Gap ... Tous les mois on change ...
    Les choses ont elles évolué ?

  • Merci Monsieur Dubois. Clin d'oeil ! Avant l'ENAC pilote j'avais fait un an d'Enseeiht. C'était en 1966. En même temps je suivais des cours du soir de dessin industriel. Parce que la mécanique et la vista en 3D m'ont toujours passionné. Et je me suis toujours lamenté sur la désaffection des familles pour les formations techniques. Encore aujourd'hui on entend des tas d'âneries. J'ai un fils mécanicien avion, il est très bon et j'en suis fier. Les mécanos ont un bagage de connaissances qui a ceci de particulier : tous les jours ils l'accroissent de façon conséquente. Je suis moi-même devenu petit mécano à plus de 50 ans, avec une licence DGAC mais seulement pour notre Bücker familial. Et c'est fou ce que j'apprends encore. Alors, les jeunes, et les filles aussi m'enfin, réveillez-vous ! Faites acte de candidature pour exercer ce beau métier qui fait que sans mécanos, ces techniciens hautement spécialisés, il n'y aurait pas de pilotes, et nos avionneurs ne vendraient pas leurs avions.

  • Hélas, et quelles qu'en soient les conséquences, "Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose"...
    Fine allusion, comprend qui veut :-)

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