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Dépose minute

Heureux copter

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Gil Roy

par Gil Roy

En 2021, plus d’un hélicoptère civil sur deux livrés dans le monde est sorti des lignes d’assemblage d’Airbus Helicopters. Les hélicoptères aussi ont fait le job ! Au même titre que les avions commerciaux, les voilures tournantes ont participé au redressement spectaculaire du groupe aérospatial européen après le cataclysme de 2020. Well done !

Au passage, Airbus Helicopters a confirmé sa place de numéro un mondial. Tantôt en dessous de la barre des 50%, tantôt au-dessus (comme en 2021), mais toujours (loin) devant. Depuis pas mal d’années, Leonardo, Bell, Russian Helicopters et Sikorsky doivent se contenter de l’autre moitié.

La réussite est incontestable. Et elle se mesure au-delà des chiffres.

Au tournant des années 60 et 70, dans les films et, plus encore dans les séries TV américaines, le JetRanger était au cœur de l’action. Il était omniprésent. Il participait à la construction d’une société américaine idéalisée. Le public européen en redemandait. A cette époque, « hélicoptère » se disait « JetRanger » !

Et puis, imperceptiblement, l’Écureuil d’Eurocopter est entré en scène. En l’espace de deux décennies, il est passé du second rôle, au premier.

Ce sont moins ses lignes fluides que sa disponibilité qui ont fait la différence auprès des sociétés de production. Sauf exigence particulière d’un réalisateur, pour le régisseur, un hélicoptère reste un hélicoptère. L’important est de pouvoir en trouver un pas trop loin, d’être sûr qu’il va fonctionner quand on en aura besoin, et qu’à la sortie, la facture ne fasse pas exploser le budget. L’Écureuil coche toutes les cases.

Dans n’importe quel thriller, quand un banquier d’affaires se fait déposer sur le toit d’une tour, au cœur de Wall Street ou de Hong Kong, c’est en Écureuil. Dans Batman Dark Knight, les agents du FBI interviennent en Écureuil.

On ne compte plus les fois où Ethan Hunt (Mission Impossible) s’en est sorti grâce à un Ecureuil. A croire que les blockbusters n’ont pas plus la fibre patriotique que les sheriffs américains (les vrais, pas seulement au cinéma) ou le SAMU du Texas, quand il s’agit d’hélicoptère. C’est surtout la preuve que les Airbus Helicopters font partie du paysage. Ils ont réussi une telle pénétration que même les plus conservateurs des Américains ne se posent plus la question.

Dernier exemple en date : Don’t look up, la satire qui cartonne en ce moment sur Netflix. Le pas de tir d’où doivent s’envoler les fusées destinées à pulvériser la météorite qui menace la Terre, est contrôlé par des H135 de la NASA. Pourquoi le réalisateur irait chercher un Bell alors que l’agence spatiale américaine, elle-même, a choisi le biturbine léger d’Airbus Helicopters ?

Aux USA, le dernier marché qui résiste encore aux hélicoptères européens est celui des films de guerre. Difficile d’imaginer un Super Puma dans La chute du faucon noir. Mais pourquoi pas des H145 dans le remake de MASH. Mieux encore dans celui d’Apocalypse Now. Avec les centaines de Lakota qu’Airbus Helicopters a déjà vendus aux forces américaines, c’est en bonne voie, même si sur ce créneau, il ne va pas être facile de détrôner les forces en présence. Le plan de relance du gouvernement français a ses limites.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Sacré Gil, toujours imprégné d'images ! Tu n'hésites même pas à donner aux B.D. une place royale dans l'écriture. Alors Jet Ranger, moi je veux bien, mais l'Alouette, gentille Alouette, elle ne s'était pas fait plumer, hein ? Reviens à tes boîtes Heller !

  • Délicieux jeu de mots ! Je crois que Gil a été journaliste pour un volatile palmé, dans une vie antérieure.
    Dans cette ambiance de crise du Covid, peu de gens réalisent les fluctuations terribles qu'a subi le marché des hélicoptères, notamment légers, les quelques années d'avant.
    A l'autre bout de la gamme, côté pistons, le marché est passé de 1000 appareils en 2008 (référence haute) à 200 en 2009, puis 500 en 2016 et... 160 en 2019, faisant à l'avance le travail du Virus !
    Il remonte fort depuis six mois, et on peut se demander à quel point c'est lié au Covid ou non. Les carnets de commandes se remplissent, et pourtant de nombreux clients potentiels qui ont brutalement disparu des écrans radar début-2019, ne sont pas encore réapparus.
    Nous verrons bien, et en attendant, même si toute forte variation est très difficile à gérer, surtout dans l'ambiance d'improvisation (pour ne pas dire de bordel) induite par les problèmes socio-sanitaires, c'est une situation plus confortable que l'inverse.

  • La politique très restrictive de l' EASA sur l'utilisation opérationnel des monomoteurs limite les ventes d'écureuils et ne facilitera pas le démarrage de Kopter en Europe. D'un autre coté le monde est vaste et pas aussi arc-bouté sur le principe de précaution que nos Services Officiels.

  • C'est très bien de se féliciter d'un succès MAIS qu'y a t'il dans un hélicoptère Airbus Hélicoptères, vendu aux USA qui ne soit pas de fabrication américaine ? Cela avait été noté lorsque les Coasts Guards s'étaient équipés "chez nous".
    Par ailleurs ne perdons pas de vue qu'à l'origine de l'essor des hélicoptères français comme américains il y a les noms de deux polonais.

  • Grande entreprise, qui avait peut-être souri lorsque d'aucun prédisaient que le suisse Copter allait très vite manger la laine sur le dos de ses écureuils...
    Bon, faut qu'elle soit vigilante quand même ! :-)

  • Il me semble que le succès de l'Ecureuil sur les écrans américains tenait tout autant à la ligne moderne de l'appareil qu'à la bonne initiative de la filiale américaine d'Eurocopter qui avait choisi de prêter très librement des appareils aux sociétés de production qui les demandaient... Quant aux films de guerre, qui a oublié la remarquable prestation du Puma déguisé en Hind dans la série des Rambo, avec une magnifique voilure greffée sur le fuselage ?

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