Pour J.R. McDonald, vice président de Lockheed Martin pour la stratégie et le développement du programme F-35, « le F-35 est un avion européen ». Tant qu’à faire dans la Realpolitik, il aurait pu également rappeler que Vladimir Poutine fait un excellent vice-président marketing et vente pour ce même programme. Le rouleau compresseur américain diplomatique industriel est le carburant du F-35. L’épouvantail russe est son comburant, son oxygène, ou plutôt son anxiogène.
Stricto sensu, on ne peut pas donner tort à J.R. McDonald. Une bonne douzaine de pays du vieux continent ont choisi l’avion, l’ont mis en service ou ont annoncé leur intérêt pour lui. Après avoir reçu leurs premiers Rafale, les Grecs ont demandé une vingtaine de F-35 aux Américains. Les Britanniques en prennent 26 de plus, pour un total de 74. L’an dernier, la Finlande, l’Allemagne et la Suisse se sont prononcés en sa faveur.
L’US Air Force déploie les F-35 du 48 Fighter Wing à Lakenheath en Grande-Bretagne, des avions supplémentaires ont été envoyés à Spangdahlem (Allemagne). En juin dernier, le président Biden a annoncé le déploiement de deux escadrons supplémentaires en Grande Bretagne. Tous utilisateurs confondus, il y aura plus de 600 F-35 en Europe dans quelques années…
Le F-35 de Lockheed-Martin fait bien mieux que le F-104 avant-hier, encore mieux que le F-16 hier. La progression d’une génération sur l’autre est spectaculaire et semble inexorable.
Et voilà que la république Tchèque évoque l’achat de 18 à 24 appareils, sans appel d’offre : les Tchèques ont tout simplement annoncé vouloir l’avion. Ce n’est sans doute pas la meilleure façon de négocier, à moins de vouloir signer un chèque en blanc. La voie est libre maintenant pour Lockheed-Martin et Washington de dicter leurs conditions.
Tous ces clients tombent bien, parce que vingt ans après avoir commencé, le développement de l’avion n’est toujours pas officiellement terminé. Et Lockheed Martin travaille à présent sur un nouveau standard, le « technical refresh 3 », qui va exiger 12 milliards de dollars pour intégrer de nouveaux calculateurs, faire progresser le radar et l’ensemble de guerre électronique, écrire des lignes de code et encore des lignes de code. Il va falloir mettre la main à la poche et plus il y aura de clients à l’export, mieux ce sera pour le Pentagone.
Pendant ce temps, l’Europe engage 500 millions d’Euros de financement commun pour renouveler les stocks mis à mal par la guerre en Ukraine. C’est mieux que rien mais cela semble dérisoire. Il est annoncé en outre que les Etats disposeront d’une “liberté totale” pour utiliser cet argent dans le cadre d’achats d’armements groupés. Au rythme où vont les choses, on peut imaginer où vont partir les Euros. C’est un peu comme si l’état français finançait l’installation de panneaux solaires et que ceux-ci étaient fabriqués en Chine. Oui je sais, j’affabule…
Frédéric Lert
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Il manque un mot : la peur.
Ce scénario n'est possible qu'avec la peur.
Un réflexe primitif écrase le raisonnement.
Tout est possible pour ceux qui manipulent si bien les peuples apeurés.
comme on dirait on USA :
This article is right on the money.
Voila ou vont les Euros Européens ....tout sauf en Europe !
Alors que le Rafale est une solution évidente pour la plupart d ces applications. Meme l'Eurofighter...
Mais non faisons croire que le F35 est un avion européen !