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Hélicoptère

Robinson et Guimbal rivalisent d’innovations pour redresser leurs ventes

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Frédéric Lert

L’année 2019 a été difficile pour Hélicoptères Guimbal et Robinson Helicopter. Le provençal et le californien souffrent ensemble d’un marché de l’hélicoptère d’entrainement déprimé. Ils n’en demeurent pas moins remarquablement combatifs comme en témoignent les optimisations des modèles existants et les options nouvelles qui ouvrent de nouveaux marchés.

L’année 2019 a été la plus mauvaise pour Robinson depuis bien longtemps, avec la livraison de seulement 196 appareils : 19 R22, 54 R66 et 123 R44 (toutes versions confondues). C’est une centaine de moins par rapport à 2017 et 2018, quand l’hélicoptériste tutoyait les 300 ventes annuelles. « Le marché a été très calme depuis 2018 » reconnaît Kurt Robinson, rencontré à l’occasion du salon Heli Expo 2020 qui se tenait à Anaheim (Californie). « La faute en revient à la situation économique difficile sur nos marchés de prédilection et un Dollar toujours un peu trop fort à notre goût ».

Robinson annonce également qu’il continue de travailler sur une motorisation diesel pour le R44. Mais on attend encore un premier vol… © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

Bras de fer sur le créneau de l’hélicoptère biplace

Robinson exporte un peu plus de 70% de sa production, avec le Canada, la Chine, l’Australie, la Russie et l’Afrique du Sud comme fonds de commerce. Kurt Robinson note toutefois un rebond sur les ventes dans les dernières semaines de 2019, ce qui laisse augurer une année 2020 plus profitable « Je suis très optimiste pour l’année qui débute et je pense que nous serons de retour dans la zone des 300 ventes » explique le PDG de Robinson Helicopters. « Les six premiers mois de production des R44 et R66 sont déjà vendus ».

Avec 25 appareils livrés en 2029, le français Hélicoptères Guimbal continue de faire jeu égal avec le géant californien pour ce qui concerne les biplaces. En attendant d’aller lui mordre les mollets dans le domaine du quadriplace, mais on n’en saura pas plus pour l’instant sur le développement du futur G4. Le travail continue sur l’appareil et les réponses aux questions posées viendront à point pour qui sait attendre.

Le support client d’Hélicoptères Guimbal distingué

Revenons-en à 2019 : Bruno est d’accord avec Kurt, 2019 n’a pas été une très bonne année, même si le chiffre de 25 Cabri livrés doit être nuancé. « L’année où nous avons livré 45 appareils, douze sont partis pour notre distributeur chinois qui n’en a placé que 6 dans un premier temps. Inversement, cinq de ces appareils stockés ont été placés en novembre 2019, sans bien entendu apparaître dans nos propres chiffres de livraison. Alors, méfions nous des chiffres en trompe l’œil… » Bruno Guimbal tire en revanche une très grande fierté des résultats de la grande enquête menée par le magazine américain Vertical sur la satisfaction client. Le petit poucet aixois dame le pion à tous les grands acteurs du secteur et décroche la première place !

L’équipement tout écran « Cristal Panel » du Cabri G2. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

Le Cabri G2 « tout écran »

Comme chaque année, Hélicoptères Guimbal partageait le stand de son distributeur américain, Precision Helicopters, à l’occasion d’Heli Expo. Trente-huit Cabri sont aujourd’hui importés aux Etats-Unis. L’appareil exposé pendant le salon portait deux innovations majeures, avec en premier lieu le niveau d’équipement tout écran « Cristal Panel » qui ne comprend plus aucun instrument analogique et fait appel à une avionique Garmin G500 TXi. C’est une première dans cette catégorie qui plait beaucoup aux clients selon Bruno Guimbal. La finition Cristal, facturée 22.000 €, vient de facto remplacer les trois niveaux d’équipement les plus sophistiqués jusqu’à présent proposés sur l’appareil.

Hélicoptère léger face au drone

Le Cabri G2 montrait également sous sa pointe avant le support d’équipement polyvalent récemment développé. Ce support, tout en carbone et facturé 4.000€, prend la place d’un hublot et peut recevoir une charge de 25 kg  et 30 cm de diamètre (caméra HD ou tout autre capteur). Sa mise en place neutralise également le palonnier copilote, ce qui interdit l’emploi de l’appareil dans les missions école. Mais comme le souligne Bruno Guimbal, il suffit de dix minutes pour déposer la charge utile et le support et remonter un hublot transparent pour revenir aux missions école.

Une dizaine de supports ont d’ores et déjà été commandés par différents opérateurs, avec différentes missions en ligne de mire : cinéma avec caméra HD, surveillance de lignes électriques et même prospection minière au Canada avec l’installation d’un capteur sur une perche. « En certifiant ce support de façon générique pour toutes les charges utiles possibles, nous allons considérablement démocratiser l’adaptation de charges externes » pronostique Bruno Guimbal. Celui-ci précise également que « plusieurs opérateurs sont en train de récupérer, grâce à cette offre très économique, des marchés de surveillance et de protection perdus par les hélicoptères au profit des drones. Sur de grandes distances, le drone perd beaucoup de son intérêt du fait de la mise en place et du suivi du pilote ».

Robinson mise aussi sur Garmin

Robinson Helicopter présentait quant à lui trois appareils de sa gamme à Anaheim : un R44 Cadet, un R44 Raven II et un R66 équipé de la nouvelle avionique Garmin G500 Txi (écran tactile de 10 pouces) couplée au pilote automatique Genesys HeliSAS. Le R66 montrait également le nouveau réservoir supplémentaire de 23,2 gallons (88 litres) certifié l’été 2019 et qui offre environ une heure de vol supplémentaire. Le réservoir (une quinzaine de kg à vide) prend place dans la soute à bagages, sans la bloquer complètement contrairement au modèle déjà existant de 43 gallons (162 litres). Son emploi permet de garder du volume et de la charge utile pour environ 100 kg de bagages.

Depuis la mise en service de l’appareil en 2010, un millier de R66 ont été vendus, accumulant à ce jour plus d’un million d’heures de vol. On voit ici le réservoir supplémentaire de 23,2 gallons en soute. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

Surveillance vidéo

Les trois Robinson exposés étaient également équipés d’un enregistreur video développé en partenariat avec Rugged Video et porteur d’une caméra 4K avec la possibilité d’enregistrer jusqu’à 5 heures en continu sur une simple clef USB. Fixé au plafond, l’enregistreur filme les places avant, la planche de bord et l’environnement extérieur. Son installation, qui répond à une recommandation des autorités de certification, sera faite dans un premier temps par Robinson en usine, mais un kit optionnel devrait être commercialisé dans le courant de l’année pour moins de 2.000 $.

Autre innovation très attendue pour 2020, l’installation d’une protection contre le surrégime au démarrage pour les appareils à piston similaire à celui déjà en service sur le R66. Robinson vient par ailleurs de terminer le développement pour les R44 et R66 d’un nouveau pare-brise en polyuréthane offrant une meilleure résistance contre les chocs aviaires. Le surpoids est d’environ 500 g et le nouveau pare-brise sera vendu 6.800 $.

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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