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Aviation Générale

La Marine Nationale peut-elle redonner un nouveau souffle au Cap 10 de Robin Aircraft ?

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Gil Roy

La DGA a passé à Robin Aircraft la commande de deux nouveaux avions d’entraînement Cap 10C pour les pilotes de la Marine nationale. Pour le constructeur de Dijon-Darois, il s’agit à la fois de l’opportunité d’un nouveau démarrage commercial, mais aussi du défi de relancer la production d’un modèle en série, suspendue depuis 2008.

L’annonce vient d’être faite par la Direction générale de l’armement. La commande remonte à fin 2020. Elle porte sur deux avions biplaces d’entrainement à la voltige de type Cap 10C. Ces deux monomoteurs sont destinés à la sélection des élèves officiers pilotes de l’aéronautique navale au sein de l’escadrille 50 S de la Marine nationale (Lanvéoc-Poulmic). Le besoin de la Marine en pilotes sélectionnés est de 45 par an.

Les deux nouveaux appareils permettront à la 50 S de disposer, de nouveau, d’un parc de sept Cap 10, deux avions ayant été mis hors d’usage sans qu’ils aient pu être remplacés jusque-là. La livraison des deux avions est prévue entre fin 2021 et mi-2022.

La volonté de la Marine Nationale est de disposer d’une flotte homogène pour une sélection équitable de ses futurs pilotes. D’où le choix du Cap 10, même si il n’était plus produit.

Si elle répond à un besoin, cette commande se veut aussi être un coup de pouce au constructeur Robin Aircraft. Elle s’inscrit dans le volet Défense du plan de soutien à la filière aéronautique, au même titre que le contrat passé avec Daher pour la fourniture de quatre TBM 940 et la commande anticipée d’un troisième Avions légers de surveillance et de reconnaissance (ALSR) à Sabena Technics et Thales.

Le marché, d’un montant de 1,1 million d’euros, comprend également la fourniture de kits de mise à niveau des cinq Cap 10B modifiés C de précédente génération actuellement en service à la 50 S depuis le début des années 1980. Le retrofit porte essentiellement sur la planche de bord et l’ajout d’un triangle. Les nouveaux Cap 10 de la Marine nationale ne seront pas de Cap 10NG, le modèle lancé en mars 2018 dans le but de donner une nouvelle carrière au mythique biplace de voltige « made in Normandy« . Les Cap 10C de la Marine ne seront pas équipés de l’hélice tripale, ni de la suite avionique qui caractérisaient le Cap 10NG.

L’hélice tripale était l’une des caractéristique du Cap 10NG. Elle pourrait éventuellement être proposée en option sur des Cap 10C, ce qui nécessiterait toutefois une extension de certification. © Gil Roy / Aerobuzz.fr

Même si la Marine nationale n’a pas opté pour la suite avionique proposée sur le Cap 10NG, elle bénéficiera, avec ses deux nouveaux Cap 10C, d’une nouvelle instrumentation qui sera également implantée sur les cinq Cap 10 actuellement en service à la 50S. © Gil Roy / Aerobuzz.fr

En 2018, la condition de la relance de la production du Cap 10 était de décrocher une première mini-série de cinq unités. Malgré la présentation d’un avion au salon Aero 2019 de Friedrichshafen, l’année suivante, le projet est resté au point mort. La commande de la Direction générale de l’armement constitue une opportunité commerciale pour Robin Aircraft. Toutefois, se pose le problème de la production des avions.

La Cap 10C exposé à Aero 2019 a finalement été vendu à une école de pilotage polonaise pour faire de la formation UPRT (Upset Prevention and Recovery Training). © Gil Roy / Aerobuzz.fr

Initialement, le projet « NG » a été étudié avec Air Menuiserie, l’atelier normand de maintenance aéronautique spécialisé dans les avions bois et toile qui possède un savoir-faire exceptionnel dans le composite bois-carbone. Depuis, Air Menuiserie a été racheté par Aura Aero, une start up toulousaine qui a été créée, en 2018, sur l’idée de produire un avion-école de voltige moderne, inspiré du Cap 10. A cette époque, le Cap 10 n’était plus produit.

Aujourd’hui, Robin Aircraft et Aura Aero se retrouvent concurrents et l’atout Air Menuiserie a changé de main.

Néanmoins, Robin Aircraft affirme avoir la capacité de produire à Darois, les Cap 10C commandés par la Marine, et les suivants. Le constructeur dijonnais espère aussi que cette commande de la DGA va relancer l’intérêt pour son biplace de voltige. « C’est pour nous, une opportunité de se maintenir sur cette niche », affirme Casimir Pellissier, le dirigeant de Robin Aircraft. Le prix catalogue d’un Cap 10C est de 330.000 € HT.

Ce que le « NG » n’est pas parvenu à faire, la Marine nationale pourra peut-être le réussir. Le premier des deux Cap 10C doit être livré fin décembre 2021, et le second en juin 2022. Robin Aircraft qui produit un peu moins de deux DR400 par mois, a un an de production devant lui. Les deux avions de voltige viennent se rajouter.

Le Cap 10C équipé d’une hélice tripale et d’une avionique rafraichie exposé au salon Aero 2019 de Friedrichshafen a été vendu à une école de pilotage polonaise dans sa version bipale. Il doit être livré dans les jours à venir. Depuis, Casimir Pellissier affirme avoir enregistré des marques d’intérêt d’autres écoles qui voient dans le Cap 10C l’avion idéal pour la formation UPRT (Upset Prevention and Recovery Training), désormais obligatoire dans le cursus des pilotes de ligne.

Il existe apparemment une fenêtre de tir et la commande de la Marine nationale arrive donc au bon moment.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Un point capital à considérer lorsqu'on fait voler des avions près de la mer (allez voir où est Lanveoc-Poulmic) c'est la corrosion atmosphérique et rien ne vaut donc le bois pour la durabilité des avions. J'ai volé à Lannion et on a pu comparer les Rallye d'une part et les Jodel et Emeraude d'autre part. Même sur ces avions il y a assez de métal pour causer du souci.
    J'ai rencontré un jour quelqu'un qui avait fait son service militaire au sein des "scientifiques du contingent" et il avait beaucoup travaillé, à ce titre sur la corrosion sur les ETENDARD et les photos qu'il m'avait montrées parlaient d'elles-mêmes

  • Exposer l'historique du Jodel (Joly Delemontez) serait parfait dans vos lignes. Aussi pour les plus jeunes qui arrivent et suivent votre journal.
    Merci!...

  • Petit rappel :
    Le CAP10 est repris par Auguste Mudry à partir du PIEL SUPEREMERAUDE version acrobatique de la construction amateur CP 301 EMERAUDE de Claude PIEL
    L'air de famille saute aux yeux et les qualités de vol le confirment

  • Pas mieux pour apprendre la voltige ,comme le C 152 pour apprendre à voler ou le Dr400 pour se promener en famille le Dimanche.
    Merci Mr Delemontez , Mr Robin , Mr Mudry .

  • C'est tout de même un tantinet étonnant, de voir un avion dont l'origine remonte à 1954 (bientôt 70 ans !) être commandé neuf aujourd'hui. Ça mériterait une analyse fine.

    • L'analyse me parait simple!
      C'est un très bon avion pour remplir la mission pour laquelle il a été conçu, sans réel concurrent à ce jour et dont le marché de l'occasion le concernant, toujours très actif.
      Pareil pour le DR400 dont la conception remonte à l'origine du BB Jodel, sans parler de l'avion le plus vendu au monde, le Cessna 172 issu de l'évolution du C120 des années 40 et qui est toujours produit!

      • Justement, ce n'est pas aussi simple. Dire qu'un avion est bon, c'est un peu réducteur. Dire qu'il est optimisé, d'accord mais pour quel compromis, le stampe aussi est un très bon avion... Ça veut aussi dire que le compromis proposé par le CAP 10 et son environnement économico-industriel est meilleur pour les matafs que les autres machines. Ça veut aussi dire qu'un machin en bois équipé d'un lycosaure est meilleur que toutes les savonnettes en plastiques élaborées depuis. Au moment ou le gouvernement nous reproche le caractère bruyant, dépassé et polluant des nos avions, lui achète des machines qui ne le sont pas moins. Du coup, nos petits coucous que les mauvaises langues disent d'un autre âge s'en trouvent ragaillardis. Finalement, l'année ne commence pas si mal.

    • Ca veut juste dire qu'on n'a pas fait mieux... Les avions produits aujourd'hui sont neuf. Le pragmatisme parle : ces avions sont très bons, dans tous les domaines.
      La roue a été inventée il y a en gros 4000 ou 5000 ans, et on ne remet pas en cause qu'on n'a pas inventé mieux depuis pour déplacer des objets lourds... Alors on fabrique toujours des roues...

  • Quelle ligne magnifique quand même, sublimée par une très belle peinture sur la photo. Une machine homogène sur tous les axes comme peu le sont, simple, fiable et extrêmement formatrice et démonstratrice. Seule une position de pilotage un peu inconfortable sur la durée en voltige à lui reprocher(c'est le dos de l'instructeur qui parle... :) ). Longue vie au Cap 10.

  • bonjour tant mieux pour le cap 10, il merite cette chance! mais sait - on encore construire un cap a Darois ? Y a t il encore quelqu un pour piloter ...... l entreprise ? Depuis le depart du créateur , on a tout arreter à Darois les R 3000, R 2000,les R 1000, les DR 500,pour faire quoi ? le DR 401 ,un vraiement nouveau DR400 avec une nouvelle verriere et des nouveaux sieges! chapeau! on va me trouver amer ou frustré , et bien je suis d accord mais je suis comme beaucoup , j ai mieux connu cette entreprise et je l ai beaucoup aimée, si y a encore moyen de sauver quelque chose alors tant mieux,heureusement il y a encore deux trois investisseurs et de l espoir avec Aura et Elixir et tout ce qui se passe....chez les autres ! nico

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