Atlas Alsace des anciens aérodromes français

L’association Anciens Aérodromes poursuit son œuvre en faveur du devoir de mémoire avec l’édition du 7^e volume de sa collection Atlas consacré à l’Alsace, englobant le Bas et le Haut-Rhin.

Outre sa collection Aérodromes, dont chaque ouvrage retrace par le menu l’historique complet d’une plate-forme et de ses installations, Anciens Aérodromes s’est lancé dans une étude complexe et magistrale, celle d’identifier et de localiser les « champs d’aviation » qui ont été employés par les belligérants sur toute la longueur du front occidental, de la Flandre à la Suisse, lors de la Grande Guerre. Ainsi à ce jour l’Aisne, la Meuse, le Nord, le Pas-de-Calais, l’Oise et la Somme sont-ils déjà parus depuis le lancement de la série en 2014. À terme, tous les départements français concernés par la proximité des combats seront traités soit 13 au total, le volume Alsace qui nous intéresse aujourd’hui englobant le Bas et le Haut-Rhin.

Histoire et géographie

Tous ces petits livres ont évidemment en commun leur présentation : après un chapitre introductif, chaque terrain fait l’objet d’une fiche signalétique qui. n’est pas sans rappeler les VAC du Service d’information aéronautique. Sur un fond de carte contemporain à l’époque traitée, qui ajoute une touche de charme rétro à l’ensemble, le « plan d’occupation des sols » de l’aérodrome est figuré, tandis qu’un cartouche mentionne l’appellation usuelle d’époque et la position géographique. Quand c’est possible, les unités qui y ont stationné sont énumérées, de même qu’une évaluation des installations, nombre de hangars ou tentes, tous ces paramètres étant issus de recherches minutieuses dans maintes archives historiques – un travail de bénédictin.

Le recueil Alsace recense donc une bonne soixantaine d’implantations, allemandes pour leur très écrasante majorité – on se souvient que depuis 1871 et jusqu’à 1918, l’Alsace-Moselle est purement et simplement annexée au Reich. Elles changeront naturellement d’occupants après l’armistice du 11-Novembre 1918. Autrement, les Français utilisent des aérodromes tout à fait au sud de la contrée, au début du conflit.

Un véritable outil de travail

Anciens Aérodromes édite ses volumes (celui-ci couvre 112 pages au format 17 x 24) avec une volonté délibérée et affichée d’interactivité. Quatre QR-codes sont présents sur chaque page, donnant accès à des ressources extérieures au livre, qui peuvent donc être amendées et actualisées sans avoir à réimprimer le livre – une bonne idée ! Sont ainsi présents un lien vers la fiche aérodrome du site Internet de l’association, un lien vers une source locale d’information autre, un lien de géolocalisation GPS signalant un emplacement favorable d’observation sur le terrain et un autre vers un podcast au format .mp4.

Tout cela, c’est sûr, n’est pas très « sexy ». Ainsi, d’intéressantes photos d’époque ont-elles été rajoutées, montrant Aviatik, Albatros et LVG en opérations en Alsace. Certes a priori, le lecteur n’est pas le tout-venant, même passionné d’aéronautique. Mais cet opus comme ses congénères, dû à un collectif d’auteurs sous la direction de Lionel Luttenbacher, est un apport colossal de connaissance à caractère historique pour tous les chercheurs actuels et futurs intéressés par la Première Guerre mondiale. Avec cette série, Anciens Aérodromes travaille pour les historiens, et hommage doit être rendu à cette initiative.

Jean Molveau