Publicité
Categories: Culture Aéro

Un survol des armes secrètes d’Hitler

Published by
Bruno Rivière

Tout ce qu’Hitler et sa funèbre Luftwaffe avaient voulu cacher aux yeux des Alliés est aujourd’hui révélé : les V1 et V2, leur construction, leurs rampes de lancement, leurs objectifs…


Rémy Desquesnes, érudit d’histoire contemporaine, présente actuellement aux éditions Ouest-France « Les armes secrètes d’Hitler ». Secrètes ? Oui, jusqu’au début de 1944. Après… le monde entier en a parlé… Et aujourd’hui, les bombes volantes V1 et V2 sont enseignées dans tous les collèges. Sait-on, pour autant, que ces porteurs de mort ont été imaginés dès 1935 par les ingénieurs de la Reichswehr et de la Luftwaffe. Leur premier « laboratoire » se situait même à Kummersdorf, caché dans la forêt de Brandebourg à 20 kilomètres au sud de Berlin. Il s’agissait de contourner les clauses du traité de Versailles (28 juin 1919), lequel interdisait à l’Allemagne de développer et de posséder une aviation – à l’exception d’une aviation civile – et une artillerie lourde…

Mais Hitler, avec sa folie meurtrière de conquérir l’Europe à défaut de conquérir le monde voulait ni plus ni moins rayer Londres de la carte. D’où l’idée de ces bombes volantes plus connues sous le nom de V1, puis Maïkafer (hanneton) pour leurrer les services de renseignements alliés, tirées depuis le continent, ou larguées à partir de bombardiers volant à haute altitude. Les premiers V1, premières armes secrètes allemandes, mesuraient 8,50 m pour une envergure de 5 m et un poids de 2,5 tonnes.

Ils étaient capables de voler entre 500 et 2 000 mètres à près de 600 km/h. Leur portée ne dépassant pas 250 km, de très nombreux sites de lancement (entrepôts, rampes de catapultage…) ont été construits par les Allemands (avec une main d’œuvre constituée souvent de déportés) près des côtes de la Manche, et aux Pays-Bas. Plus tard, en 1945, ce sont les V2 qui apparaissent : plus lourds, plus puissants, plus rapides, ce sont presque des fusées balistiques lancées à la verticale, et capables de détruire des cibles à plus de 250 km. Rémy Desquesnes décrit ces engins comme des « miracles de la technique ».

« … Dans un bruit assourdissant, sous l’effet de l’éjection des gaz à très grande vitesse provenant de la combustion, il en résultait une poussée sur le sol de 25 tonnes qui propulsait, par réaction, le missile vers le ciel. S’arrachant de la pesanteur, la fusée de 12 tonnes atteignait la vitesse du son en moins de 30 secondes. A 30 km d’altitude, l’engin s’inclinait dans la direction programmée tout en continuant à s’élever. Une minute après le départ, à 50 km d’altitude alors que le V2 volait dans la stratosphère, la vitesse avoisinait les 6 000 km/h. Au bout de 70 secondes, une station au sol coupait la combustion, le missile poursuivait sur sa lancée son mouvement ascensionnel puis retombait sur son objectif à une vitesse de près de 4 000 km/h. Au total, le vol avait duré moins de cinq minutes. Après s’être enfoncé dans le sol, l’engin diabolique explosait, creusant un cratère d’une quarantaine de mètres de diamètre… »

Toujours selon Rémy Desquesnes, citant Speer le ministre de l’Armement du Reich interrogé par des officiers américains, les geheimwaffen ou armes secrètes ont coûté à l’Allemagne quelques 12 milliards de Reichsmarks, soit 3 milliards de dollars. Quant à dire que les effets ont été à la hauteur des investissements, rien n’est moins sûr. On estime que 36 000 V1 et V2 ont été fabriqués, mais que seulement 22 500 ont été lancés effectivement… sans pour autant atteindre leur cible. Ainsi, sur les 6 000 V2 réellement opérationnels, seuls 3 000 ont été tirés, et seuls 2 800 ont atteint leur but.

Comme pour les V1, les deux principales cibles étaient Londres et Anvers. L’Histoire retiendra cependant que ces bombes volantes monstrueuses ont tué 13 000 personnes, et blessé 30 000 autres. La conquête de l’Air et de l’Espace aura été, malheureusement, ponctuée par des folies destructrices.

Bruno Rivière

A la différence d’une fusée, le V1 est un petit avion muni d’ailes. Les ailes sont montées une fois l’engin arrivé sur son lieu de lancement.
Le blockhaus d’Eperlecques (Nord-Pas-de-Calais): V1 prenant son envol.
Les armes secrètes d’Hitler

Publicité
Bruno Rivière

Reporter photographe par passion, Bruno Rivière a assuré la rédaction en chef d’Aéroports Magazine pendant près de 25 ans. Il a également enseigné le journalisme en faculté. Spécialiste du transport aérien, il a rejoint Aerobuzz en janvier 2011. Bruno Rivière réalise des reportages et des recensions de livres.

View Comments

  • Un survol des armes secrètes d'Hitler
    Et les v3? Il faut en parler aussi... même s'ils n'ont pas été terminés (et heureusement!), c'était une redoutable machine à "arroser"...

  • Un survol des armes secrètes d'Hitler
    La visite du blockhaus d'Eperlecques situé dans le Pas de Calais à quelques kilomètres de Saint Omer permet de mieux se rendre compte de l'importance de la menace que présentaient ces armes secrètes et en particulier les V1 et les V2. Elle complèterait utilement la lecture du livre de Rémy Desquesnes.

  • Un survol des armes secrètes d'Hitler
    "Une folie destructrice..." imaginée et réalisée par des hommes recyclés sans scrupule par les alliés à la fin de la guerre et notamment par les américains (cf Wernher von Braun devenu l'un des principaux responsables de la NASA après avoir été l'employeur des esclaves du Reich...).
    C'est sans doute ce qu'on appelle la "réalpolitik"....

  • Un survol des armes secrètes d'Hitler
    Article et commentaires intéressants.
    Des V2 déjà puissants et élaborés à l'époque donnent alors une idée des missiles de croisière actuels, ça fait froid dans le dos.

  • Un survol des armes secrètes d'Hitler
    12 juin 1944, 64 V-1 devaient êtres lancés sur Londre, seulement 7 se trouvaient prêtes, 4 franchisent la Manche. 1 fit des dégâts et des victimes.

    15 juin, 8 V-1 éclatèrent au départ, tuèrent leurs servants et détruisirent leurs rampes.
    Mais en 48 heures, 200 furent propulsés au dessus de la Manche.

    Du 13 juin au 31 août 1944, 8070 V-1 furent lancés.
    5394 franchirent la côte.
    2400 atteignirent Londre.

    Eté 1944, en un mois et demi, près de 20 HE-111 basés au Pays-Bas lancent 410 V-1 sur l’Angleterre.

    Automne 1944, en 7 mois, près de 100 autres HE-111 basés en Allemagne lancent encore 1200 V-1
    perdant 77 appareils.

    HE-111.
    Bataille d’Angleterre, sur les 500 présents, 246 perdus.
    Bataille de Salingrad, 165 autres de perdus.

    Bilan,
    76784 maisons détruites et 950395 endommagées.
    5864 morts et 40371 blessés.

    L’armée de l’air anglaise en a détruit 1771.
    Dont 638 par les Tempest.
    Plus de 500 par les Mosquito, dont 428 en l’air.

    L’armée de l’air américaine en a détruit au moins 9 avec le P-61 Black Widow.
    (avec aussi 63 avions abattus)

    Rampe de 50 m de long.
    Longueur, 5,50 m.
    Diamètre, 0,80 m.
    Tuyère de propulsion, 3,30 m et consomment 27 litres d’essence à la minute.
    Rayon d’action, 300 km.
    Poids, 4 tonnes dont 1 d’explosif.
    Entre 450 et 750 litres d’essence.
    Décolle à 250 km/h.
    Vitesse, 620 km/h.
    Altitude, entre 200 et 2000 m.

    • Un survol des armes secrètes d'Hitler
      Ce serait sympa de parler du Cne FAFL MARIDOR, originaire du Havre, qui était un spécialiste de la destruction des V1, et qui se sacrifia, pour que l'un d'eux ne s'abatte sur Londres. Il était très jeune ..........
      Cordialement

Recent Posts

Dans la tête d’un oiseau – Poétique du ciel #125

Depuis des millénaires, les prouesses aériennes des oiseaux nous fascinent. Professeur émérite, Gérard Leboucher s’est… Read More

4 mai 2024

L’Envol des Pionniers et la Fondation Antoine de Saint Exupéry pour la Jeunesse au départ du Rallye Toulouse-Tarfaya

À l’occasion des 80 ans de la disparition d’Antoine de Saint Exupéry, le 31 juillet… Read More

4 mai 2024

Swirl et Flash, comment choisir son hélice Duc Hélices

Les hélices Swirl et Flash font partie des produits-phare de Duc Hélices pour les avions… Read More

3 mai 2024

Près de 10.000 comptes rendus d’incidents traités en Suisse par l’OFAC en 2023

En 2023, l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) a traité très précisément 9.995 comptes rendus… Read More

3 mai 2024

SA 330 Puma, un demi-siècle au service de l’Armée de l’Air et de l’Espace

Le 2 mai 1974, le premier SA 330 affecté à l'Armée de l'Air entrait en… Read More

3 mai 2024

L’ONERA au côté des opérateurs de drones

L’ONERA met à disposition de la filière drone son logiciel d’aide à la préparation de… Read More

3 mai 2024
Publicité