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Red Bull Air Race : état des lieux des forces françaises

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Bastien Otelli

À deux jours de la première course d’une saison 2019 qui s’annonce passionnante, les Français du championnat Red Bull Air Race sont prêts ! L’intersaison a été courte, les avions n’ont pas pu être modifiés, mais jamais les espoirs de victoires tricolores n’ont été aussi grands. Aerobuzz.fr fait le point sur les forces gauloises en présence dans l’arène.

À peine moins de trois mois après la fin du championnat 2018, une nouvelle saison est déjà sur le point de débuter. En réalité, elle a déjà un peu commencé, puisque tous les concurrents ont réalisé deux séances d’essais libres à Abu Dhabi, ce jeudi 7 février. Au programme de ce Red Bull Air Race cru 2019 : nouvelle étape en Arabie Saoudite, nouvelles règles, et nouveaux sponsors pour le canadien Pete McLeod ainsi que pour le Français Mika Brageot. Pour sa cinquième année depuis son retour (la compétition s’était arrêtée entre 2010 et 2014) les courses aériennes de tous les superlatifs, sortes de jeux du cirque du 21e siècle, s’annoncent plus palpitantes que jamais.

Traditionnelle photo de famille des pilotes de la Master Class, gladiateurs 2.0. © Red Bull Content Pool

La France, nation phare de la voltige aérienne, y est toujours aussi représentée… En Master Class, il seront toujours trois cette année pour défendre nos couleurs face à une horde de furieux gladiateurs volants : Mika Brageot, Nicolas Ivanoff et François Le Vot. En Challenger Class, la catégorie cadette, ils ne sont plus que deux, Mélanie Astles et Baptiste Vignes, car Daniel Genevey (qui courrait sous couleurs hongroises, mais néanmoins de nationalité française) est absent du plateau 2019.

Mika Brageot, la meilleure chance française

Après avoir terminé au pied du podium final l’année dernière, Mika attaque 2019 avec un nouveau sponsor. Pour sa troisième saison, il est sans contestation le meilleur espoir de podium tricolore. À Abu Dhabi, à l’issue de ses deux séances d’essais libres, il expliquait au micro de « Red Bull TV » avoir encore à peaufiner ses trajectoires sur le circuit, notamment durant ses VTM (Vertical Turning Manoeuvre ou rétablissement tombé). Car Mika Brageot et son équipe sont comme ça : perpétuellement à la recherche de la perfection, du petit détail qui fera la différence.

Le hangar du #11Racing a pris des couleurs… © Red Bull Content Pool

Avec son nouveau sponsor, Mika Brageot n’a jamais été aussi confiant. © Eyetime

Et, cette année, ils visent des podiums réguliers : « Être dans le top 3 en qualif et en course est notre nouvel objectif ! », affirmait-t-il ce jeudi midi. Sans aucun doute, son équipe, le #11Racing constitue le meilleur espoir de victoires tricolores. L’année dernière, à Budapest, la victoire lui échappait pour 34 petits centièmes. La dernière marche n’est plus qu’à un pas…

Nicolas Ivanoff, le plus expérimenté des français

En 2019, c’est peut-être aussi par lui qu’une victoire française arrivera… Car n’oublions pas que Nicolas Ivanoff est le plus expérimenté des français, voire même de l’ensemble plateau du Red Bull Air Race auquel il participe depuis 2004. Il compte cinq victoires et de nombreux podiums. En 2018, avec un Edge 540-V3 remis à neuf, il avait été confronté à des problèmes de surchauffe de son Lycomming à cause d’un nouveau capot-moteur qui ne le ventilait pas suffisamment.

Une première partie de saison 2018 compliqué pour Nicolas Ivanoff. Difficile de faire des temps canons quand on n’a pas confiance en son avion. © Red Bull Content Pool

S’il commence 2019 comme il a terminé 2018, Nicolas Ivanoff montera rapidement sur les podiums, voire remportera des victoires. © Red Bull Content Pool

Après avoir réinstallé l’ancien capot, il terminait nettement mieux le championnat, avec notamment un podium à Indianapolis. « Ça nous a prit du temps, car il fallait ré-installer tous les anciens réglages », dit-il. « On est un peu moins performants aérodynamiquement, mais le moteur ne surchauffe plus. C’est l’essentiel ! » Cette année, les avions n’ayant pas pu être modifiés durant l’intersaison, les améliorations techniques de son appareil sont en courte finale : « On a un plan de modifications précises pour toute la saison 2019 », explique-t-il, sans trop en dire. « Des détails aérodynamiques… des petites choses à droite à gauche pour que ça marche mieux », termine-t-il à mi-mot.

François Le Vot, un modèle de combativité

François Le Vot n’a, hélas, pas pu répondre à nos questions. Mais, la réputation du champion du monde 2013 de voltige aérienne et champion 2014 de la Challenger Class n’est plus à faire : il ne lâche rien ! En effet, depuis qu’il est en catégorie reine, il a beau avoir connu de nombreuses déconvenues, notamment avec un avion en mauvais état, puis avec un autre plus performant mais dépassé technologiquement, sa courbe de progression est positive : il ne cesse de monter dans le classement : il terminait 11e du général, l’année dernière.

Ses résultats sont en amélioration, et malgré des avions compliqués à piloter, François Le Vot garde le sourire. © Red Bull Content Pool

De plus, faute de sponsor, en 2018, ce n’est qu’à mi-saison que son avion avait pu bénéficier d’améliorations aérodynamiques. Difficile d’avancer aussi vite que les autres, quand on n’a pas de soutien. Et, cette année, Zool devra encore faire sans. Dans ces conditions, un podium ou mieux constituerait une vraie prouesse, et accroîtrait encore un peu plus le respect qu’il suscite auprès des autres concurrents.

Deux français en Challenger Class

En 2016, les pilotes de la Challenger Class étaient sept… En 2017, ils étaient neuf… En 2018, dix, et cette année, les concurrents de la catégorie cadette du Red Bull Air Race sont douze.

Cette année, ils sont douze à participer à la Challenger Class. Au milieu de cette meute de jeunes loups affamés, Mélanie Astles et Baptiste Vignes (deuxième en partant de la gauche) devront tirer leur épingle du jeu. © Red Bull Content Pool

Cette croissance du plateau est la preuve que cette formule fonctionne bien, en dépit d’une médiatisation nettement en retrait, par rapport à la catégorie reine. Les avions, des Edge 540 (à peine modifiés pour la course) étant rigoureusement identiques, il est plus facile qu’en Master Class de sortir du lot puisqu’à ce stade, seul la finesse du pilotage compte. À ce jeu-là, nos deux français s’en tirent assez bien…

Mélanie Astles, l’unique

Après une saison 2016 où elle finissait à une décevante dernière place, une année 2017 et 2018 ou elle terminait respectivement 5e et 8e du championnat, Mélanie Astles reste confiante pour 2019 : « J’aborde la saison sereinement, la Challenger Class est avant tout une école pour apprendre la course. L’année dernière, j’ai terminé 8e ce qui peut paraître négatif (…) mais la barre est haute et les victoires se jouent à peu de choses (…) c’est le micro détail qui va compter. (…) Je suis sortie de tous mes vols avec la sensation d’avoir donné mon maxi. », dit-elle.

Avec ses multiples sponsors, Mélanie Astles affiche la « Zen attitude ». © Red Bull Content Pool

Par ailleurs, Mélanie a déjà plusieurs sponsors qui la suivent depuis ses débuts en Red Bull Air Race : ESAF, Michelin, ATM et surtout BMW. Si elle progresse encore, les podiums s’enchaîneront et, forte de ces soutiens publicitaires, elle finira probablement par intégrer la Master Class.

Baptiste Vignes, une obligation d’exemple

Il est le meilleur espoir de victoire française en Challenger Class. L’année dernière, pour sa deuxième saison en Red Bull Air Race, il terminait à la 4e place du général, se payant même deux podiums dont une belle seconde marche à Cannes, sauvant ainsi l’honneur français. Baptiste parle peu, mais bien : « Je progresse. Mon but est de faire mieux que l’année dernière. Je ferai tout pour y arriver. » Il sait aussi se donner les armes pour réussir puisqu’il a recours aux services d’un préparateur physique et mental.

Ne vous fiez pas au sourire béat de Baptiste… Il cache une rage de vaincre qui pourrait bien payer, dès cette année. © Red Bull Content Pool

Par ailleurs, en tant qu’entraîneur de l’équipe de France de voltige Advanced, il s’impose la rigueur qu’il exige des jeunes pilotes qu’il chaperonne : « Être entraineur de l’équipe Advanced me force à montrer l’exemple. Je refuse de laisser quoi que ce soit au hasard. Je ne fais rien à moitié. » Avec une telle détermination, les podiums feraient bien de s’habituer à Baptiste Vignes. Seul bémol : pour l’instant, il n’a pas encore réussi à trouver de sponsor. Mais, si ses résultats continuent d’aller dans ce sens, c’est peut-être le sponsor qui viendra à lui, comme pour Mika Brageot.

Smoke on !

Les machines sont performantes, les pilotes sont doués et expérimentés. La recette est la bonne et, définitivement, nos Français ont les armes pour gagner des courses. Il ne manque que la petite pichenette qui donnera à leurs avions les quelques mètres d’avance qui leur manque depuis 2016, année où un Français avait remporté une course. C’était Nicolas Ivanoff, et c’était à Abu Dhabi…

Nicolas Ivanoff en 2019 au-dessus d’Abu Dhabi, la dernière course qu’il a remporté ; qu’un Français a remporté. C’était il y a trois ans… © Red Bull Content Pool

Les « Lyco » ronronnent, les casques sont sur la tête, les mains droites sur le manche, les mains gauche prêtes à mettre la poignée des gaz « dans le phare »… Au moment où ces dernières lignes sont écrites, Jim Dimatteo, le directeur de course, a déclaré ouverte la troisième séance d’essais libres pour les pilotes de la Master Class et, dans une heure, le chrono de la saison 2019 sera lancé. Enfin, pour la course de samedi, n’oubliez pas de sortir vos drapeaux bleus, blancs, rouges pour encourager les Français.

Saison 2019… You’re cleared into the track… Smoke on!

Bastien Otelli

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Bastien Otelli

Bastien Otelli travaille depuis 2004 avec la presse et l'édition des choses de l'air… Il a rejoint l'équipe d'AeroBuzz.fr en 2016. Depuis 2013, il est également photographe aéronautique professionnel.

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