Lors de la précédente édition d'UAV Show, en 2023, la Défense commençait à manifester son intérêt pour les entreprises innovants du drone civil. En 2025, les frontières entre civil et militaire n'existent plus. © Gil Roy / Aerobuzz.fr
Depuis sa création, il y a une quinzaine d’années, UAV Show est au cœur de la structuration de la filière française du drone civil. A l’heure où les secteurs civil et défense convergent de manière spectaculaire, le salon a logiquement choisi de placer sa 8ème édition (Bordeaux, 14-16 octobre 2025) sous le signe des technologies duales.
Depuis trois ans, la guerre d’Ukraine se caractérise par l’omniprésence des drones de combat sur les lignes de fronts. Des drones dont la silhouette est familière. Ce sont des DJI, des Parrot ou encore des Delair, des produits qui à l’origine étaient destinés à des usages récréatifs civils et qui, entre les mains des belligérants, se révèlent être des armes d’une redoutable efficacité. Les besoins énormes offrent des débouchés commerciaux inattendus à des entreprises de toute taille. C’est le cas pour Delair.
Cette PME installée à Labège, près de Toulouse, emploie 150 salariés. Elle fait partie des pionnières de la filière française du drone civil. En 2023, elle a reçu une première commande de 150 drones d’observation de la part du ministère de la Défense ukrainien. L’année dernière, ce même ministère lui a commandé 100 drones armés supplémentaires.
La guerre d’Ukraine a aussi fait prendre conscience à la France du « trou capacitaire de l’armée de Terre » en matière de drone. La réaction s’opère. Au sein du GICAT (Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres), le groupe de travail Drone qui était à l’origine un outil de promotion du drone, est devenu un outil stratégique pour la Direction générale de l’armement (DGA). Fin 2024, cette évolution s’est traduite dans les faits par la signature du Pacte drones aériens de défense destiné à accélérer la « dronisation » de l’armée de Terre et dont le GICAT devient l’animateur et le fédérateur pour le compte de la DGA.
Fin 2024, lors de la première réunion du pacte, une opération pilotée par la DGA, visant à doter massivement l’armée de Terre de drones en vue de l’exercice Orion 2026 a été lancée. Les militaires ont le feu vert pour acheter sur étagère. C’est dans ce contexte que Bordeaux Technowest, organisateur du salon européen du drone a décidé d’emboiter le pas.
Depuis sa création en 2010, ce salon professionnel a accompagné le développement du drone civil en France, en participant activement à l’émergence et à la structuration d’une filière indépendante, mais aussi en étant partie prenante dans la mise en place d’une règlementation nationale, dès 2012, avant même que l’Europe s’empare du dossier. Les tables rondes et les ateliers organisés dans le cadre du salon ont systématiquement été au diapason des préoccupations du moment. Pour la première fois, en 2025, une part prépondérante est donnée au militaire dans le programme d’UAV Show.
La 8ème édition d’UAV Show sera duale annonce d’ores et déjà François Baffou, directeur général de Bordeaux Technowest. Pour la première fois de son histoire, le salon présente un équilibre parfait entre offre civile et offre militaire. Les exposants se répartissent à parts égales entre « civile » et « défense ». Le programme des conférences et celui des ateliers reflètent également cette évolution. La thématique « Défense » sera très présente.
Il y sera notamment question des enjeux relatifs à l’accélération de l’industrialisation des drones pour répondre aux enjeux de l’économie de guerre. De l’environnement R&D à la constitution d’une supply chain, ce changement d’échelle est crucial pour l’avenir de ces acteurs émergents et pour tout une économie de la « New Defence » émergeante. Il sera intéressant d’écouter le témoignage de ceux qui sont engagés dans cette mutation.
