Pour Jacques Rantet, le Mecure dont Air Inter fut l'unique exploitant, avait hérité des "qualités de vol exceptionnelles" des avions de chasse de Dassault. © Dassault Aviation - Droits Réservés
Jacques Rantet est un aviateur qui a fait carrière, un pilote acteur du développement du transport aérien en France, du défrichage des premières lignes intérieures jusqu’à la révolution du pilotage à deux et la mise en ligne de l’A320 sous les couleurs d’Air Inter. Jacques Rantet est d’abord un pilote et son livre « Passion plein ciel », co-écrit avec B. Koster en apporte la preuve, page après page.
Pour illustrer cet article, à la place d’un Mercure aux couleurs d’Air Inter, nous aurions pu choisir un Pipier J3, un Vickers-Viscount, un Castel 310, un T-6, une Caravelle III, UN MD 315, un Broussard, un Morane 315, un A300 ou encore un A320 et bien sûr un ASH-25… Ce livre, c’est le récit de la vie d’un pilote amoureux des machines volantes. Il a été rédigé à quatre mains et par touches impressionnistes qui dessinent le tableau de la construction du transport aérien hexagonal. Quatre décennies retracées avec la précision du mot juste qui épargne au lecteur les envolées lyriques trop souvent présentes dans ce genre d’ouvrage. Sans la moindre trace de nostalgie, Jacques Rantet va à l’essentiel. Et c’est un régal…
A la sortie de la guerre, pour un passionné d’aviation, tout commençait toujours par l’aéromodélisme et embrayait naturellement sur le planeur et l’avion. L’aéro-club était la porte d’entrée vers un métier dans l’aéronautique. Les filières de formation des pilotes professionnelles étaient encore très diffuses. Louis Notteghem mettait la dernière touche à « L’Évangile selon Saint-Yan », quand Jacques Rantet débutait sa formation avec en ligne de mire Air France. Ce n’est que deux ans avant de prendre sa retraite qu’il sera intégré à Air France, mais jusqu’au bout il volera avec son uniforme de pilote d’Air Inter, la compagnie intérieure dont il participera à la renaissance en 1962 et au développement, et dont il fut le directeur des opérations.
Cette compagnie restera dans l’histoire du transport aérien mondiale comme l’une des plus avant-gardiste. Elle sera la première au monde à opérer des avions, en l’occurrence la Caravelle, équipés du dispositif d’ « Atterrissage Tous Temps ». Elle innovera également avec la projection des données de vol à hauteur de tête sur le pare-brise, autrement le HUD (Head-up display) qui équipait le Mercure de Dassault. Et puis, il y a le passage au pilotage à deux, avec l’A320. Jacques Rantet sera impliqué dans le développement du cockpit. Il découvrira les commandes de vol électriques et le mini manche latéral. Pour l’anecdote, c’est Air Inter qui imposera à Airbus le HUD dans ses A320, alors que le constructeur n’en voyait pas l’intérêt.
L’ancien directeur de l’exploitation d’Air Inter ne fait l’impasse ni sur le bras de fer avec les syndicats de pilotes, ni sur le crash du Mont-Sainte-Odile (1992) qui lui vaudra une mise en examen, avant d’être relaxé des années plus tard.
A aucun moment de sa carrière, malgré ses fonctions d’encadrement, il ne manquera une occasion de prendre les commandes. C’est inimaginable, le nombre d’avions différents, sur lesquels il a été lâché. Il totalise 13.000 heures de vol en avion et 7.000 heures en planeur qui sont à ses yeux autant de moments de bonheur. Pendant toute sa carrière de pilote ligne, quel que soit l’avion qu’il pilotait, son « exercice favori » a toujours été « la descente en vol plané ».
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