Il y a peu, la vision de la Chine était encore portée dans l’imaginaire français par le chef d’oeuvre mal compris de Jean Yanne, « Les Chinois à Paris », daté de 1973. Il était plus que temps de dépoussiérer les idées reçues et c’est Xi Jinping lui-même qui s’y est collé, avec un film de 2h40 diffusé en mondovision le 3 septembre dernier à l’occasion des 80 ans de la victoire sur le Japon. Un plan-séquence unique débordant de suspens, de toute évidence le plagiat d’un autre chef d’oeuvre bien de chez nous, le court métrage « C’était un rendez-vous » tourné en 1976 par Claude Lelouch dans les rues désertes de Paris…
Cette réputation de méchants copieurs colle aux Chinois. Mais attention, le copieur c’est comme le chasseur : il y a le bon copieur et le mauvais copieur. Le mauvais copieur, il voit un truc qui lui plait et paf, il le copie. Le bon copieur, c’est très différent : il voit un truc qui lui plait, et paf, il le copie. Et puis après l’avoir bien étudié, il passe à l’étape suivante en créant son propre truc.
La Chine est patiente, elle se donne les moyens techniques et financiers pour travailler sur le long terme, elle n’est pas gênée outre mesure par l’alternance politique. Dans le domaine aéronautique, elle a commencé en copiant sans vergogne son ami soviétique. Aujourd’hui, elle préfère regarder du côté des Occidentaux qui eux regardent ailleurs.
Mais rendons à Xi ce qui est à Xi, la Chine innove aussi, et à grande vitesse. Dans le domaine des avions de combat, des drones et des missiles, on a vu ces derniers mois les projets pousser comme les champignons atomiques après la pluie. Dans les premiers jours de 2025, les Chinois nous ont assommé en laissant fuir sur internet les photos d’une incroyable brochette de nouveaux aéronefs sans dérive. C’était très fort.
Le 3 septembre dernier, on a donc eu droit à la deuxième couche, avec un défilé fascinant. Au sol, des maquettes, des prototypes ou des appareils de série, on ne sait pas trop, ont traversé la place Tien An Men montés sur des camions. Des hélicoptères dronisés, des drones de combat de différentes tailles et de différentes formes. Des engins jamais vus auparavant, plusieurs clones d’appareils américains, mais pas seulement.
La parade aérienne valait aussi son pesant de raviolis vapeur, avec la première présentation publique de la version biplace du chasseur lourd furtif J-20, de l’avion radar embarqué KJ-600 et de quelques autres appareils fabriqués localement.
Pour faire court, la Chine a montré qu’elle n’avait pas chômé ces dernières années, poussant ses pions dans pratiquement tous les domaines. Le message a été passé urbi et orbi, à la ville et à l’univers, aux Chinois eux-mêmes et aux barbares que nous sommes, aux voisins proches et lointains et aux seconds couteaux Vladimir et Kim présents en tribune, sages comme des images.
Pendant ce temps on se prépare en France à la paralysie du pays et on légifère Outre-Atlantique sur la pilosité faciale des militaires…