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Allons avions de la Patrie !

© Vincent / Aerobuzz.fr

Les 20 et 21 septembre dernier, le week-end s’annonçait ensoleillé en Gironde et les plages Atlantique tendaient les bras aux bordelais. Et pourtant la foule des grands jours se pressait à l’entrée de la BA 106 « Capitaine Croci » de Mérignac qui ouvrait ses portes à l’occasion des journées du Patrimoine. Comme les années précédentes, la fabuleuse collection du Conservatoire de l’Air et de l’Espace d’Aquitaine (CAEA) tenait la vedette.  Pendant la semaine précédente, les volontaires du Conservatoire avaient patiemment démonté le Tetris des avions pour les sortir un à un du hangar HM2. Les merveilles avaient ensuite été passées au Karcher pour retrouver un peu de lustre avant d’être tractées en pleine lumière.

Le jour J une très belle exposition statique attendait donc le visiteur. Une quarantaine d’aéronefs racontant l’histoire de l’aviation française de 1945 à aujourd’hui, ou presque. Les spécialistes appréciaient la variété et la rareté des équipements exposés. Le public en prenait plein les yeux, oubliant instantanément les heures passées à se garer, marcher jusqu’à la base, attendre les navettes, se faire fouiller, palper et confisquer quelques menus objets.

Et la base aérienne, malgré une sono horripilante, devint l’espace de deux jours une affaire de familles et d’enfants. L’envie de voir les avions, de les toucher et de monter dedans crevait l’écran et se mesurait à la longueur des files d’attente. Le Canadair CL215 du CAEA, agissant comme un aimant, emportait tous les suffrages. L’avion tant vu à la télévision était là, à portée de main : une heure de queue pour monter à bord, c’était cadeau ! 

Deux semaines plus tard, 600 km plus à l’est, la base aérienne de la Sécurité Civile de Nimes Garons organisait sa première Journée portes ouvertes (JPO). Et le croirez-vous, un autre avion rouge et jaune made in Canada tenait la vedette, un CL415, version turbinisée du CL215 de Mérignac.

Pas moins de 10.000 personnes avait fait le déplacement. Elles auraient été encore plus nombreuses si la préfecture n’avait pas fixé cette limite, pour des raisons de sécurité. Les 10.000 visiteurs s’étaient donc jetés comme des morts de faim sur le site internet pour récupérer leur précieux QR code. Ils avaient payé leur écot, ils roulèrent le jour J jusqu’aux parkings installés dans la pampa, ils marchèrent jusqu’à l’entrée de la base, patientèrent au poste de filtrage, patientèrent encore, se firent fouiller, palper, confisquer des bidules, vous connaissez la chanson…

Et puis une fois dans le saint des saint, comme ils étaient de bonne composition, ces visiteurs refirent la queue pour acheter des insignes, des livres, des posters et monter dans les avions, le tout sans perdre une miette d’un spectacle aérien exceptionnel.

La morale de tout ça ? C’est que le Français, par nature indiscipliné, fait preuve d’une étonnante patience quand il s’agit d’aller à la rencontre de son patrimoine aéronautique. A Mérignac comme à Garons, il était réconfortant de constater cet appétit débordant pour les avions à cocardes, les hommes et les femmes en uniforme. Malgré toutes les difficultés d’une société qui ne tourne plus très rond, qui s’englue dans les interdictions, les procédures, les vexations, les mesquineries et les avanies de toute nature, il y avait dans ces chaudes journées au soleil quelque chose de très rafraichissant.

Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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