
C’est le nouveau mot dont se gargarisent les chroniqueurs : « backlash ». C’est aussi une réalité. Plutôt que de taper ces six lettres dans la barre de recherche de Google, j’ai ouvert mon Harrap’s qui dormait sur un rayon de ma bibliothèque sous une épaisse couche de poussière. Deux traductions proposées. « Contrecoup » en parlant d’un événement. « Contre-courant » dans le registre politique. Pour approfondir, j’ai ouvert Chat.GPT…
J’ai tapé « Backlash » suivi d’un point d’interrogation. Je n’ai pas salué mon dictionnaire français-anglais. Je ne vais pas faire des courbettes devant une intelligence artificielle, en lui souhaitant le bonjour. Réponse en anglais. Je reformule : « Que signifie backlash ? »
« Le mot “backlash” (en anglais) signifie réaction violente ou retour de bâton. ». La nuance est de taille. « C’est une réaction négative, souvent collective, contre une idée, une décision, un mouvement ou un changement. » C’est clair… ChatGPT fait référence au « mouvement féministe ». Je l’emmène sur le terrain de la décarbonation du transport aérien.
« Le transport aérien est-il concerné par le backlash ? » La perfide IA commence par me féliciter pour ma « très bonne question » et enchaine en affirmant que « le transport aérien est tout à fait concerné par le “backlash”, surtout ces dernières années. 🌍✈️ »
Je vous fais grâce du développement. Le résumé suffira : « Oui, le transport aérien est au cœur d’un backlash environnemental et sociétal, lié à la prise de conscience climatique et aux attentes de durabilité. » Chat-GPT se propose de m’aider à « formuler un paragraphe ou un argumentaire là-dessus (par exemple pour un exposé ou un essai) ? » Je réponds oui, en lui demandant de le faire sur le ton d’un éditorial dominical. Elle est perfide, je suis pervers…
Moins de deux secondes plus tard, je découvre un texte de 234 mots intitulé « Le ciel n’a plus bonne presse ». Il est bien argumenté, mais il ne répond pas à mon attente. Il explique que le retour de bâton est lié à la prise de conscience environnementale du poids du transport aérien dans le dérèglement climatique. Après avoir vu l’avion comme un progrès, aujourd’hui c’est un problème. Pour ChatGPT, le « Flysham » est une forme de « backlash ». Je reformule ma demande…
« N’y a-t-il pas aujourd’hui un backlash face au flygskam ? » Après voir reconnu la pertinence de ma question, ChatGPT me propose à nouveau un long développement. En guise de conclusion, elle arrive là où je voulais l’emmener : « le phénomène de culpabilisation et de pression sociale autour de l’avion commence à être questionné — certaines personnes se lassent, d’autres le jugent peu réaliste ou contre-productif, et l’industrie y répond en changeant de discours. » Tiens, cela me donne envie de l’interroger sur le « greenwashing ». Une autre fois. A cause de moi, ChatGPT a déjà émis 1,25 g de CO2.