
En juin dernier, au salon du Bourget, le match n’avait pas eu lieu, faute de combattants. A Dubaï, cette semaine, Boeing toujours un peu groggy, est remonté sur le ring. Les deux constructeurs ont pu à nouveau se mesurer u jeu des annonces. Entre temps, Airbus a pris du galon en devenant le nouveau champion du monde des monocouloirs, devant Boeing. Pour l’instant, la partie se joue encore à deux…
Pour l’anecdote, la permutation sur la plus haute marche du podium a eu lieu le 30 septembre 2025 ; ce jour-là, Airbus a livré un A320neo flambant neuf à Flynas, une compagnie low cost du Golfe. C’était le 12.257ème avion de la famille A320 livré par le constructeur européen depuis février 1987. Boeing en était à 12.256… Il aura fallu 38 exercices comptables à Airbus pour rattraper Boeing pourtant parti avec une sérieuse avance d’une vingtaine d’années.
Sans vouloir minimiser le mérite d’Airbus, il faut bien reconnaître que les gestionnaires de Boeing lui ont facilité la tâche en s’attachant plus au cours de bourse de l’action Boeing qu’à ce qui se passait dans les ateliers. On ne va pas refaire le match…
A ce stade de la partie, Boeing a en commande 4.349 MAX et Airbus 7.244 A320. Autrement dit, les positions ne devraient pas changer de sitôt. D’autant qu’en toute logique, et sauf accident industriel, Airbus devrait rapidement creuser l’écart. Ses dix chaines d’assemblage final à travers le monde tournent à une cadence de production d’une cinquantaine d’A320 par mois, tous modèles confondus, contre 38 MAX pour Boeing, même si l’administration américaine vient de l’autoriser à accélérer.
Boeing espère remonter à 42 fin 2025. De son côté, Airbus est bien parti pour atteindre 75 en 2027. A condition évidemment que les sous-traitants et équipementiers suivent le rythme de la montée en cadence. C’est un autre défi…
En résumé, chaque mois qui passe voit l’écart entre les deux avionneurs se creuser. Le risque est qu’Airbus s’habitue à voir Boeing dans son rétroviseur. L’erreur serait de ne pas jeter régulièrement un œil au miroir. Parce qu’un jour, un deuxième suiveur apparaîtra dans le lointain et son reflet risque de grossir rapidement.
La Chine ne va pas se contenter d’assembler à domicile des A320 qu’elle achète aux Européens. Pour le moment, elle est encore en phase d’apprentissage. Le Comac C919 n’est qu’une copie d’un monocouloir occidental du genre 737NG et A320ceo, autrement dit de la génération précédente. Mais ne nous y trompons pas. La Chine apprend vite. Les constructeurs automobiles européens et américains l’ont découvert à leurs dépens.
La prochaine partie à trois se jouera entre Airbus, Boeing et Comac, ce sera avec la nouvelle génération de monocouloirs et à ce moment-là il sera trop tard pour se remémorer comment l’outsider Airbus a été accueilli à ses débuts. Il faut vite célébrer cette première place pour se concentrer sur l’innovation, seul levier pour conserver une longueur d’avance. Ce que Boeing a oublié et qui lui coûte très cher aujourd’hui.
Un commentaire
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Et si sur les monocouloirs le troisième c’était Embraer ??? Hein !