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En 2025, Aviation sans Frontières fête ses 45 ans et se réinvente en créant l'avion dispensaire. © Fabrice Morlon / Aerobuzz.fr
La baisse drastique des subventions allouées par l'ONU a contraint Aviation sans Frontières à faire évoluer la mission « avions ». Avec Médicaéro, ASF veut lancer un programme unique au monde d'avion dispensaire. L'objectif est de transporter du matériel pour déployer un hôpital au plus près des populations dans le besoin. L'enjeu est maintenant de convaincre les acteurs du secteur aéronautique et spatial de participer à cette nouvelle aventure.
Aviation sans Frontières (ASF) a exploité jusqu’à 3 Cessna Caravan, dans le cadre d’un programme avec l’ONU qui compensait les heures de vol. « Avec la fin de l’USAID notamment, l’ONU a baissé considérablement les subventions, ce qui fait que, comme toutes les organisations non gouvernementales, nous sommes aujourd’hui lourdement impactés et nous nous retrouvons en difficultés financières sur la mission avions » explique Gérard Feldzer, président d’ASF.
Les relations diplomatiques entre les pays d’Afrique de l’Ouest et la France ne sont hélas pas au beau fixe. L’organisation humanitaire a dû entamer une réflexion stratégique pour redéfinir la mission avions, et innover pour utiliser le plein potentiel de ses deux Cessna Caravan.
« C’est l’essence même d’ASF d’être porteur d’espoir, de solidarité » souligne Gérard Feldzer. « ASF veut poursuivre sa mission d’apporter quelque chose de positif tout en innovant. Avec l’avion hôpital, ASF veut devenir une sorte de « pompier du ciel » pour venir aider et soutenir les populations dans le besoin au plus près de chez eux. »
« Aujourd’hui, nous mettons tous nos efforts sur ce nouveau programme, une initiative unique au monde qui sera un avion hôpital ou plutôt, de manière plus appropriée, un avion dispensaire. » À bord, des soignants bénévoles achemineront matériel et médicaments dans des zones où les structures de santé sont absentes. Chaque mission pourra assurer jusqu’à 800 consultations et actes médicaux ou chirurgicaux, avec un déploiement en moins de 24 heures. L’avion embarquera des innovations technologiques à bord de conteneurs à bagages de type LD3, spécialisés et déployables, qui se gonflent ou se déplient pour se transformer en salle d’opération. L’avion sera chargé de plusieurs conteneurs spécialisés en ophtalmologique, dentisterie et gynécologie. Un laboratoire et un conteneur pour des soins courants compléteront l’offre médicale.
L’idée est de désenclaver les villages pour rendre la vue aux gens, pour éviter aux femmes qui vont accoucher de faire 3 jours de pirogue pour rejoindre une maternité, mais aussi pour anticiper les soins.
L’avion hôpital va débuter ses opérations à Madagascar dans un premier temps. L’avion-hôpital permettra de tripler le nombre de missions médicales menées actuellement par Médicaéro, passant de cinq à quinze par an.
Au salon du Bourget, ASF présente un Cessna Caravan EX, son avion fétiche, qui sera utilisé pour ces nouvelles missions. L’avion peut transporter 12 passagers ou un tonne de charge utile. Mais l’avion hôpital a des ambitions plus importantes. « Il faudrait un bi-moteur capable d’emporter 24 passagers » explique Gérard Feldzer. « L’idéal pour ce dispensaire volant serait un Casa 212 mais il faut des moyens financiers pour acheter un tel avion et il faut le trouver. » Le Casa 212 serait idéal parce qu’il est pourvu d’une rampe à l’arrière, mais ASF étudie d’autres possibilités telles le Cessna Skycourrier.
En attendant de trouver le vecteur idéal, ASF veut commencer ses opérations de l’avion hôpital avec le dernier Cessna Caravan acheté, celui convoyé en Afrique par son parrain, Thomas Pesquet, en 2022. Puis, l’idée est de louer un avion avant d’envisager d’en acheter un.
Pour trouver ces moyens, ASF lance une campagne intitulée « tous derrière l’avion hôpital ». C’est un gros défi pour l’organisation qui veut emporter les donateurs, mais aussi et surtout les industriels et les PME du secteur aéronautique avec elle à bord de l’avion hôpital.
Pour lancer cette opération unique au monde, ASF compte plus que jamais sur la solidarité. En plus des adhésions à l’association et des dons, ASF propose une nouvelle forme de participation. « Nous avons calculé qu’il y a plus de 300.000 salariés dans le secteur aérospatial, des gens passionnés par l’aviation et l’espace, qui pourraient nous venir en aide » explique Gérard Feldzer. L’idée est de d’inviter les industriels et acteurs de l’aviation et du spatial en France à proposer un arrondi sur salaire. Cet arrondi représenterait 2 à 6 euros par mois qui pourraient financer les actions d’ASF et rapporterait 50 euros par ans à l’organisation. Le don étant déductible des impôts, cela reviendrait à verser 15 euros sur l’année par le salarié.
« Il reste maintenant à trouver des industriels qui voudraient nous accompagner dans ce projet. Ça ne coûte rien pour eux et l’arrondi sur salaire serait proposé sur la base du volontariat. Tout ceci nous permettrait d’investir sur la durée et de faire vivre cet avion hôpital. »