En 1954, le Gerfaut I devenait le premier avion à réaction à aile delta à prendre son envol avec André Turcat aux commandes. L'avion construit par Nord Aviation était motorisé par un ATAR 101C. © Musée Safran
Le réacteur ATAR a façonné l’histoire des avions de combat français. Aujourd’hui, son héritage perdure chez Safran, avec le Rafale. André Bréand emmène le lecteur dans une véritable aventure humaine et technologique débutée en Allemagne après guerre. Un livre riche, abondamment documenté et illustré qui devrait faire référence sur le sujet.
« Le mot ATAR est au réacteur ce que le Frigidaire est au réfrigérateur ». Ce comparatif, inattendu, surprenant, résume bien la place qu’occupe le moteur dans la culture aéronautique française. La quasi-totalité des avions de combat, depuis les prototypes jusqu’aux avions de production de l’après Seconde Guerre mondiale ont été équipés par ce réacteur, dont le M88 du Rafale est aujourd’hui l’héritier.
Pour bien comprendre la genèse du réacteur français et ses développements successifs par la SNECMA, André Bréand a choisi de partir des débuts. Misant encore largement sur la production de gros moteurs à pistons, les industriels en France, Angleterre, aux Etats-Unis et en Allemagne laissent une toute petite place aux nouvelles technologies à l’orée des années 1930. Mais bientôt, la guerre va accélérer les recherches, en Angleterre et en Allemagne notamment.
L’auteur passe à la loupe près de 10 ans de développement de plusieurs réacteurs en Allemagne : Heinkel, Junkers, Porsche, Daimler-Benz et BMW rivalisent pour proposer la solution la plus efficace, en allouant des moyens hors normes pour tenter de motoriser l’avion qui pourrait changer le cours de la guerre en faveur des nazis.

Dans une Allemagne maintenant à genoux, la guerre à peine terminée, les Alliés se partagent le gâteau technologique. Dont la France. Le groupe O emmené par Hermann Oestrich, depuis les rives du lac de Constance à Rickenbach jusqu’aux bords de Loire à Decize, va développer le réacteur qui allait mener l’aéronautique française au premier plan.
Au fil des pages, le lecteur assiste à la naissance de l’ATAR (Atelier technique aéronautique de Rickenbach), puis de la SNECMA qui allait développer les versions ATAR 101, 8, 9, puis le M53 du Mirage 2000. André Bréand consacre également plusieurs chapitres aux avions équipés par des réacteurs ATAR : chez Dassault, Leduc, la SNCASE, SNCASO, Nord-Aviation.
La mise en page du texte en deux colonnes rend la lecture facile, les pages sont richement illustrées de nombreuses photos, de plans 3 vues des avions et d’écorchés de moteurs réalisés par l’auteur lui-même. L’aspect technique est lui aussi largement documenté, avec notamment des extraits de conférences données par Hermann Oestrich, le père de l’ATAR.
C’est une véritable histoire humaine et technologique que nous donne à lire André Bréand dans son nouvel ouvrage paru aux éditions Cépaduès. Avec le style millimétré que le lecteur lui connaît, une organisation des chapitres minutieuse, et malgré une littérature déjà abondante su le sujet, l’auteur est parvenu à réaliser un ouvrage qui fera référence.
Pour lire un extrait du livre Et la SNECMA créa l’ATAR
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