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C’est la faute à Boeing !

© Vincent / Aerobuzz.fr

Après avoir perdu une porte en vol, et plus récemment une roue, c’est son PDG que Boeing vient de perdre. Le président du conseil d’administration et le président-directeur général de la division aviation commerciale font également partie du grand ménage de printemps. Une ligne de plus à une liste qui s’allonge jour après jour…

Le 4 mars, le moteur gauche d’un 737 de United Airlines prend feu au décollage de Houston. Le 11 mars, un 777-300 de United souffre d’une fuite hydraulique au décollage de Sydney. Le 7 mars, un 777-200 de United au départ San Francisco perd une roue au décollage. Quelques heures plus tard, un 787 de Latam Airlines effectue un « plongeon » provoqué par le mouvement inopportun du siège du pilote.

Le 8 mars, un 737 MAX 8, toujours de United, sort d’un taxiway à Houston pour s’immobiliser dans l’herbe, le train gauche affaissé. Un 737-824 de 25 ans d’âge opéré par United Airlines perd à son tour, le 15 mars, une partie d’un carénage à proximité de l’aile (certains médias n’hésitent pas d’ailleurs à dire que l’aile a été arrachée). Le 19 mars, le pare-brise d’un 737-800 d’Alaska Airlines se fissure à l’atterrissage à Portland.

La presse s’en donne à cœur joie ! Les passagers doutent ; « if it’s Boeing, I’m not going » (si c’est un Boeing, je n’y vais pas). Jusqu’au ministre français des finances qui déclare publiquement qu’il ne veut plus monter dans un Boeing !

Ce n’est pas rien de perdre une roue, surtout quand la vidéo devient virale sur les réseaux sociaux. Mais de là à le reprocher à Boeing c’est un peu gros ! Une fois intégrés à la flotte des compagnies, les avions sont inspectés, réparés, entretenus dans les centres de maintenance indépendants du constructeur. Certains des problèmes médiatisés sont apparus sur un avion de 25 ans d’âge qui a dû subir bien d’autres incidents au cours de sa carrière. Mais à ce moment-là, la presse regardait ailleurs.

Les incidents ou les pannes constituent le quotidien des équipes de maintenance. A bord, les pilotes et les membres d’équipage ont fait leur boulot, ce pour quoi ils s’entraînent régulièrement : gérer les situations d’urgence. Et mécanos comme navigants s’en sortent plutôt bien au vu du niveau remarquable atteint par la sécurité des vols.

« Comme vous le savez tous, l’accident du vol 1282 d’Alaska Airlines a marqué un tournant pour Boeing. Le monde entier a les yeux rivés sur nous, et je sais que nous sortirons grandis de cette épreuve » a confié le PDG de Boeing dans un message à ses employés annonçant son départ.

Il reste à souhaiter à Boeing de ne jamais perdre la confiance de ses compagnies clientes.

Fabrice Morlon

Pilote professionnel, Fabrice Morlon a rejoint la rédaction d’Aerobuzz, début 2013. Passionné d'aviation sous toutes ses formes, il a collaboré à plusieurs médias aéronautiques et publié une dizaine d'ouvrages, notamment sur l'aviation militaire.

4 commentaires

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  • Une dégringolade bien médiatisée. Exemple par un incident identique présenté différemment :
    Un Boeing perd une roue au décollage :
    https://fr.news.yahoo.com/afrique-sud-boeing-atterrit-urgence-111736683.html
    « …retour en urgence … passagers secoués … panique … »

    Un Airbus perd une roue au décollage :
    https://www.20minutes.fr/arts-stars/insolite/4075147-20240208-airbus-perd-roue-decollage-doit-atterrir-urgence
    « … l’Airbus se pose sans encombres… les passagers n’ont pas été impactés … »

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  • En 1988 lorsque je suis arrivé chez Airbus, Boeing était dirigé par Phil Condit. C’était un ingénieur et j’ai d’ailleurs gardé une étude qu’il avait faite sur les turbulences de sillages. À cette époque Boeing était montré en exemple. Ses successeurs ont été des financiers et on voit le résultat. Dans notre domaine où la sécurité prime, il ne faut pas que toutes les décisions soient prises sur des critères exclusivement financiers.

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  • par Claude d'Albronn

    commme disait  » ESOPE  » la langue est la meilleure et la pire des choses / ON POURRAIT EN DIRE AUTANT DE LA PRESSE qui stigmatise bètement Boieng
    Surtout celle qui prétend faire de l’information et qui se conduit comme la pire des  » tabloids  » !

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  • Très bien de remettre l’église au milieu du village. Oui Boeing a pêché. Et le paye cher. Et ce n’est pas fini. Mais Boeing n’est pas responsable des erreurs ou fautes des exploitants. J’ai connu ça en son temps, juste en France, sous les diatribes d’agités du SNPL contre l’A320. Après Habsheim, le Mont Saint Odile et quelques glissements de cartes malvenus sur les PFD. C’était un combat d’arrière garde contre le pilotage à deux et les automatismes évolués par des vieux chibanis retros et irresponsables. 35 ans après leurs enfants adorent cette génération d’avions qui a multiplié par 20 la sécurité. Il faut donc garder mesure. Boeing est une grande et belle maison. Son équipe dirigeante dévastée cède la place. Sur qu’ils vont rebondir après avoir cruellement analysé leurs fautes. Il faut tenir 5 ou 10 ans !

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