Le salon du Bourget qui ouvre ses portes dans deux semaines va nous montrer quelques dizaines d’aéronefs « bons de vol », mais aussi cent fois plus d’images en deux dimensions sur les écrans, les publicités et autres affichages divers et variés. Un vrai déluge de projets exotiques, une farandole de couleurs et de formes qui entreront toutes dans la catégorie des « vues d’artiste » et des images de synthèse, parce que, c’est un fait, la frontière entre le microprocesseur et l’artiste est de plus en plus poreuse.
Un bon dessin vaut mieux qu’un long discours, c’est bien connu. On peut ajouter que dans le domaine aéronautique, le dessin est une arme redoutable et très bon marché pour vendre du rêve et entretenir le mythe. L’avion électrique, à hydrogène, à pédales, silencieux et propre, le dirigeable majestueux planant au-dessus de la forêt landaise, respectueux des abeilles, les gracieux eVTOL dans leurs vertiports fleuris, amis des cyclistes. Jusqu’au futur F-47 américain qui n’est ni silencieux, ni propre, qui s’en fout des abeilles et des cyclistes, mais qui nous fait quand même rêver sur les images officielles en apparaissant dans un nuage de vapeur, comme s’il émergeait d’une soirée mousse à Ibiza.
On ne va pas jouer les vieux grognons, c’est encore un peu précoce et ce serait oublier que le phénomène n’est pas nouveau. Je me souviens des années 1980, quand les numéros « Spécial aviation » de Science et Vie nourrissaient l’imagination des lecteurs avec déjà une belle quantité de dessins futuristes. Des avions immenses, des chasseurs fuselés comme jamais, des architectures baroques… tout y était déjà.
J’étais adolescent et, hasard, je digérais péniblement Platon et le l’allégorie de la caverne, cette opposition invariable entre la réalité et sa projection qui nous leurre, cette association vieille comme le monde des vessies et des lanternes. Eh bien je vous le dis maintenant, il avait Free l’Ancien, il avait tout compris…
Un commentaire
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A propos des numéros « spéciale aviation » de Science & Vie, je me souviens d’un article expliquant que le projet d’Airbus d’avion à deux ponts, A3XX, ne verrait jamais le jour, notamment parce que les aéroports ne pourraient pas accueillir un appareil aussi imposant …