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Centre Spatial Guyanais ouvre son pas de tir au newspace

La start up française Latitude qui porte le projet du micro-lanceur Zéphyr (ci-dessus) a signé un accord avec le CNES ; elle s'engage à opérer son lanceur depuis le Centre Spatial Guyanais pour une période minimale de 10 ans. © Latitude

Le 17 septembre 2025, le Centre Spatial Guyanais (CSG) a posé la première pierre de l’Ensemble de Lancement Multi-lanceurs (ELM). Cette infrastructure marque l’ouverture du port spatial de l’Europe aux lanceurs privés européens, conçus pour répondre à la forte croissance du marché mondial des satellites de masse inférieure à 1.500 kg.

Dans un contexte de miniaturisation des satellites, d’industrialisation de leur production et de multiplication des opérateurs spatiaux, le besoin d’un accès rapide, flexible et régulier à l’orbite basse s’est imposé comme une priorité stratégique. L’Ensemble de Lancement Multi-lanceurs ELM a précisément été conçu pour répondre à cette ambition : offrir aux micro et mini-lanceurs qui incarnent la nouvelle approche de l’industrie spatiale, autrement dit le newspace, une plateforme opérationnelle compétitive, tout en s’appuyant sur les 60 ans d’expertise et d’excellence technique du CSG.

L’ELM est installé sur l’ancien pas de tir Diamant d’où fut lancée, en 1970, la première fusée française. Ce choix permet la réutilisation d’un site existant, réduisant ainsi l’empreinte environnementale du projet, tout en tirant parti des infrastructures existantes (réseaux, accès, sécurité) et en optimisant les délais et les coûts de réhabilitation.

L’ELM pourra accueillir jusqu’à cinq opérateurs privés de micro et mini lanceurs. Son concept repose sur une répartition claire entre :

  • Des moyens communs, développés et financés par le CNES à hauteur de 50 millions d’euros dans le cadre du programme France 2030 : réseaux, stockage de fluides, bâtiments de coordination, sécurité, etc.
  • Des moyens spécifiques, réalisés et financés par chaque société pour ses propres besoins : pas de tir, bâtiment d’assemblage, centre de lancement.

Cette approche permet une mutualisation intelligente des ressources, tout en garantissant l’autonomie opérationnelle de chaque opérateur. Quatre sociétés européennes ont d’ores et déjà signé un accord de faisabilité avec le CNES : ISAR Aerospace, RFA, PLD Space, et Latitude. Elles s’engagent à opérer leur lanceur depuis le CSG pour une période minimale de 10 ans.

En juin 2025, PLD Space est devenue la première entreprise à signer une convention d’occupation temporaire et un contrat de développement pour construire ses propres installations sur le site. Elle prévoit d’y lancer son lanceur Miura 5 dès 2026. Par ailleurs, le site ELM accueillera également le démonstrateur CALLISTO, un premier étage réutilisable développé par le CNES en partenariat avec la JAXA (Japon) et le DLR (Allemagne), visant à maîtriser les technologies clés de la réutilisation, désormais incontournables pour les lanceurs de nouvelle génération.

L’ELM s’inscrit pleinement dans la stratégie d’autonomie d’accès à l’espace portée par la France et l’Europe. Il renforce la capacité du CSG à accueillir une plus grande variété de missions, qu’elles soient institutionnelles, commerciales ou technologiques, en complément d’Ariane 6 et Vega-C, qui conservent la priorité. L’Agence Spatiale Européenne (ESA) a d’ailleurs donné son accord à l’utilisation de ses moyens techniques (radars, télémesure, etc) pour ces nouveaux lancements, et pourra tirer parti de l’élargissement de l’offre de lancement pour ses propres satellites.

Les travaux de l’ELM sont bien engagés : démantèlement des installations anciennes depuis 2020, études techniques et réseaux depuis 2022, puis début du chantier à l’été 2025. L’objectif est de rendre l’ELM pleinement opérationnel en 2026, avec un premier lancement prévu la même année. Grâce à ces évolutions, le CSG pourra consolider sa place de plateforme spatiale européenne de référence.

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