Avec une menace évolutive, la riposte doit, elle aussi, être évolutive pour s'adapter. © Armée de Terre
La lutte anti-drones implique une réactivité totale pour adapter la riposte à une attaque en perpétuelle innovation. Autrement dit, pour être efficace, la parade doit se remettre en permanence, comme le démontre chaque jour les combats en Ukraine où jamais rien n'est acquis. Faudra-t-il attendre que la France soit au pied du mur pour que la DGA libère l'innovation ?
Évoquer la construction d’un mur pour afficher la détermination de l’Europe à lutter contre les drones n’est pas forcément judicieux. Le mur de l’Atlantique n’a pas empêché le débarquement allié en Normandie. La ligne Maginot, version enterrée du mur, n’a pas non plus été d’une grande efficacité. Rien de plus facile à contourner qu’un mur qui se dresse à la vue de tous.
Pour arrêter les drones hostiles, il faut de l’agilité et de la souplesse vous diront tous ceux qui reviennent d’Ukraine. Il est impossible que les dirigeants européens qui, à l’occasion du forum de Copenhague, ont parlé de mur anti-drones, n’en aient pas conscience. Leurs États-Majors leur font passer des messages. Tous en conviennent : le mot « mur » relève plus de l’abus de langage que de la conviction.
Sur le front ukrainien, une nouvelle génération de drones apparait toutes les trois mois et rend instantanément obsolète les moyens de lutte anti-drone en place. L’attaque a toujours une longueur d’avance sur la défense.
Même avec les efforts contre nature que déploie la Direction générale de l’armement, la pesanteur administrative française est antinomique et risque de le rester encore longtemps. Les spécialistes français de la lutte anti-drone déplorent qu’il faille encore des années pour être référencés par la DGA et des mois pour obtenir un créneau pour réaliser des campagnes de tests au Centre d’expertise aérienne militaire (CEAM) de l’armée de l’air et de l’espace. En France, le frein est moins technique, qu’organisationnel. Ce n’est pas une nouveauté. Et tant que la France ne se retrouvera pas, à son tour en première ligne, autrement dit, au pied du mur, cela ne changera pas.
Sur le champ de bataille ukrainien, les procédures sont réduites à leur plus simple expression. Toutes les entreprises européennes présentent en Ukraine peuvent en témoigner. Les combattants font remonter les infos. Les fabricants bricolent des solutions. Ainsi va ce qu’ailleurs on appelle recherche et développement, en grillant toutes les étapes inutiles.
Il est évident que tout ce que les européens et d’une manière plus générale les occidentaux apprennent à vitesse forcée sur le front ukrainien pourra être mis à profit avant de poser la première pierre du futur mur. Ce retour d’expérience est d’ores et déjà mis à profit dans la protection des sites sensibles. Il n’y a pas que sur le champ de bataille qu’il faut se protéger des drones hostiles.
Le salon UAV Show (Bordeaux, 13-15 octobre 2025) sera l’occasion de faire le point avec les acteurs de la lutte anti-drone, qu’ils soient fournisseurs de solutions ou fabricants de drones. Une opportunité pour tenter de cerner l’ampleur du problème et de découvrir comment s’élabore la parade.
Outre les industriels et les militaires avec lesquels il sera possible d’échanger sur le salon, une table ronde sera plus spécifiquement consacrée à la lutte anti-drone, le mercredi 15 octobre de 11h00. Les débats pourront être suivis en direct sur les chaines Twitch et YouTube d’Aerobuzz.fr. Les internautes auront l’opportunité de poser leurs questions via le chat.
