On en a déjà parlé, mais le sujet est suffisamment grave pour que nous le remettions sur la table : le Pentagone n’a plus de sous et l’US Air Force est à sec. Et pourtant le Pentagone disposera d’un budget de 925 milliards de dollars l’an prochain. Le cap symbolique du trillion, mille milliards, sera très certainement passé bien avant la fin de la décennie.
Mais que peut-on faire avec mille milliards aujourd’hui ? Pas grand-chose apparemment…
C’est Frank Kendall, le secrétaire à l’Air Force qui l’a expliqué le 1er novembre dernier : « avec nos engagements, nos ressources et nos priorités, il est difficile pour moi de voir comment nous pouvons nous offrir une combinaison de ces nouveaux matériels ». Frank Kendall évoquait trois nouveaux programmes majeurs pour l’Air Force : le futur chasseur de 6ème génération, le ravitailleur en vol de nouvelle génération et les drones de combat. NGAD, NGAS et CCA seraient donc impossibles à financer simultanément. Onze lettres pour nous rappeler que décidément, ça ne tourne plus très rond au royaume de Mickey.
Et encore ne parle-t-on pas du développement et de la production du B-21 « Raider » qui se dirige tranquillement vers le milliard de dollars la pièce (on prend les paris), et puis de l’incroyable fiasco du missile nucléaire stratégique LGM-35 Sentinel qui en est déjà à 40 milliards de dollars de dépassement d’un budget lui aussi balistique.
Dégager les ressources pour construire cette future Air Force est le problème qui empêche Frank Kendall de bien dormir ces derniers jours, il l’avoue lui-même. La seule solution trouvée pour l’instant est de de créer un comité pour réfléchir à la question (ça ne mange pas de pain) et de mettre sur pause le programme NGAD. Quant à la prochaine génération de ravitailleur, elle est entourée d’un flou artistique qui est un avant-goût brillant de leur niveau de furtivité souhaité.
Vous me direz que ça n’a rien à voir, mais pendant que Frank Kendall se rongeait les ongles, on apprenait qu’entre 2018 et 2022, Boeing avait facturé 150.000 dollars les distributeurs de savon installés dans les toilettes des C-17 de l’US Air Force. Soit 80 fois le prix public communément admis pour ces outils de haute technologie. « Oui mais attention, les nôtres sont certifiés aéronautique » a expliqué Boeing. Tout comme l’étaient les abattants des toilettes facturés 640 dollars pièce il y a quelques années…
Mais tout ce qui pue dans le C-17 ne vient pas forcément des WC. Un rapport présenté par l’inspecteur général du ministère de la défense US accuse Boeing d’avoir surfacturé pour un million de dollars des pièces de rechange destinées à cet avion. Un million, c’est une goutte d’eau dans les 431 milliards de dollars dépensés en équipements par le Pentagone en 2023. Boeing se prendra sans doute une petite tape de quelques millions de dollars sur le bout des doigts et tout continuera comme avant. A moins que…
Elon Musk, bombardé ministre en charge de l’élimination des normes inutiles, du foutage de gueule et des gaspillages rôderait déjà dans les couloirs du Pentagone. De quoi donner des idées à Hollywood pour un prochain blockbuster « Massacre à la tronçonneuse électrique ».
2 commentaires
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excellente analyse de Frédéric Lert sur la situation US. Quel « nègre fou » pour parler en termes verlainiens pourrait-il nous dresser le même constat chiffré de la situation française ? Et surtout lui apporter une solution musclée à défaut d’être « muskienne » propre à prendre la défense des citoyens contribuables et non toujours celle de la Défense dite nationale qui sert d’abord ses parties prenantes?
Ah ça vont te dire les zobtimistes, avec Rambo et son musc poivré ministre de la culture des freedom-fries, tu verras, tout sera Mickey-chrome !