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Un autogire Revo-lutionnaire !

L’Eclipse Evo est un autogire biplace en tandem à cabine fermée, équipé d’un moteur Rotax 915 iS de 141 ch. © Thierry Gérard / Aerobuzz.fr

Contrairement aux hélicoptères, les autogires ne peuvent pas décoller à la verticale. Du moins, c’était le cas jusqu’à présent : l’espagnol ELA Aviation, l’un des 3 grands constructeurs européens d’autogires, a relevé le défi ! L'Eclipse Revo est l'une des nouveautés du salon AERO 2024 (Friedrichshafen 17-20 avril 2024).

ELA a annoncé l’an dernier au salon AERO 2023 la disponibilité prochaine d’un nouveau modèle, qui serait capable de décoller à la verticale. Une véritable prouesse pour un autogire ! La « bête » est présentée cette année au salon AERO 2024, à Friedrichshafen.

Les autogires sont mus comme les avions, par un moteur équipé d’une hélice, généralement monté en propulsif (il y a eu des modèles à hélice tractive). Le déplacement de la machine génère un vent relatif qui fait tourner le rotor, lequel produit de la portance. Ce dernier est totalement libre en rotation, les pales ne sont pas mobiles, elles présentent un calage fixe, c’est hyper simple, fiable et sans fioriture. Rien à voir donc avec un hélicoptère, dont le rotor, mécanique très sophistiquée, est entraîné par le moteur, et dont les pales changent constamment d’incidence au cours du cycle de rotation.

En contrepartie, l’autogire présente certaines contraintes et limitations. Atteindre une vitesse de rotation suffisante simplement en roulant sur la piste serait possible, mais exigerait de parcourir une très longue distance. Pour résoudre ce problème, un dispositif appelé prélanceur permet d’embrayer transitoirement le moteur sur le rotor, le temps d’initier la rotation. Puis l’on s’élance sur la piste, et le vent relatif vient compléter l’accélération du rotor jusqu’au décollage. Mais pas question de décoller à la verticale, comme un hélico… du moins jusqu’à présent.

Le principe développé par ELA, sur lequel l’entreprise est restée très discrète, consisterait à mettre les pales du rotor en incidence nulle, afin de prélancer à très haut régime, puis de repasser en incidence normale pour décoller. En fait, on parle de « jump start » (départ sauté) plutôt que d’un véritable décollage vertical, car dès qu’elle est en l’air, la machine doit passer en vol horizontal, ou disons en montée à pente modérée, elle ne peut pas vraiment grimper à la verticale comme un hélico.

Des procédés du même genre ont déjà été mis en œuvre par le passé, mais cela n’avait guère dépassé le stade du prototype. ELA devrait proposer ce dispositif sur son modèle de haut de gamme, l’Eclipse Evo, qui sera renommé pour l’occasion Eclipse Revo. Mais nous n’avions plus aucune nouvelle depuis l’annonce faite sur l’AERO 2023.

Retrouvez les enregistrements des émissions d’Aerobuzz.fr réalisées en direct du salon Aero 2024, les 17, 18 et 19 avril 2024 sur la chaine JumpSeat. Plus de 6 heures d’émission par jour.

Thierry Gerard

Thierry Gérard a dirigé la rédaction de Vol Moteur jusqu'à l'arrêt du magazine mi-2023. Il a depuis rejoint la rédaction d'Aerobuzz.fr. A l'occasion du salon AERO 2024, il fait ses débuts d'animateur sur la chaine JumpSeat d'Aerobuzz.fr. Thierry est (évidemment) pilote d'ULM. Il est même instructeur, mais c'est par l'avion qu'il a débuté sa carrière d'aviateur.

5 commentaires

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  • par Philippe BENEZECH

    Bonjour,

    Vous écrivez : « Ce dernier est totalement libre en rotation, les pales ne sont pas mobiles, elles présentent un calage fixe, c’est hyper simple, fiable et sans fioriture. Rien à voir donc avec un hélicoptère, dont le rotor, mécanique très sophistiquée, est entraîné par le moteur, et dont les pales changent constamment d’incidence au cours du cycle de rotation. »

    Oups !

    je pense que De la Cierva a du se retourner dans sa tombe.
    Pour moi, les autogires de De la Cierva ont permis, dans les années 30, la mise au point du rotor articulé et à pas cyclique, alors que jusque-là, on pensait à une ou des hélices verticales ( pour les hélicoptères)…
    D’ailleurs a quoi servirait les deux très longues bielles qui courent le long du mat rotor( vu la longueur le terme « biellette » apparait bien réducteur)?
    Autre raisonnement par l’absurde, comment ferait le pilote pour incliner l’autogire? Il n’y a pas ici de moignons d’aile pour installer des ailerons.
    Les grosses simplifications de l’autogire vs l’hélicoptère sont l’absence d’entrainement fiable du rotor principal et absence de rotor anti-couple ( qui est un rotor et pas une hélice). Pour ce dernier point, les palonnier ne fond que braquer la ou les gouverne de direction, ce qui est bien plus simple que de faire varier le pas des pales du rotor anti-couple…
    C’est déjà pas mal comme simplifications!
    Après avec un bon dispositif de pré lancement du rotor principal, du vent de face et léger, on doit pouvoir faire des choses spectaculaires.

    Aeronautiquement

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    • par Thierry Gerard

      Bonjour Philippe
      Je suis l’auteur de l’article.
      Désolé, mais vous vous trompez. J’ai déjà volé sur autogire, j’ai écrit des articles sur les équilibrages de rotor d’autogires, j’ai touché et photographié des rotors d’autogire sous tous les angles et à moins de 20 cm, je maintiens. Les biellettes de commandes sont reliées au manche et servent à incliner le plateau du rotor pour diriger l’engin
      Vous trouverez plus de détails ici : https://www.lavionnaire.fr/AutogirePalesRotor.php (je ne suis pas l’auteur !!!)
      Où l’on voit qu’il y a effectivement (exceptionnellement) des autogires à pales orientables, mais il s’agit du pas collectif : c’est justement le cas du Revo, comme indiqué dans l’article.
      Peut-être y’a-t-il eu des autogire avec des rotors à pas cyclique, mais on se demande pour quoi faire, pourquoi une telle complication technique alors que c’est inutile, le système d’inclinaison du plateau étant beaucoup plus simple e fiable.

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  • Une belle carrière qui s’annonce en version militaire, pilotée ou kamikazée !

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    • par Thierry Gerard

      Bonjour Christian
      « Des procédés du même genre ont déjà été mis en œuvre par le passé, mais cela n’avait guère dépassé le stade du prototype. ». Merci de nous en donner l’illustration. Et je maintiens le terme de révolutionnaire, si ELA propose effectivement le Revo en série (ce qu’ils affirment pouvoir faire dès cet été). Une technologie mise au point dans le secret d’un labo ou l’intimité d’un garage, c’est de l’innovation. Quand cette technologie devient disponible pour le grand public, c’est là qu’est la révolution.

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